
Lee Child – Des gages pour l’enfer (2001)
4ème de couv’…
Jack Reacher est un homme discret.
Deux ans auparavant, son existence a basculé.
Depuis, payant tout en liquide, ne donnant jamais son véritable nom, il a refait sa vie et s’est fondu dans la foule de Key West, en Floride.
Ses activités noctambules: videur dans un topless bar.
Son repos est bientôt troublé par la filature d’un privé new-yorkais, Costello.
Mais Reacher n’a pas le temps de l’interroger sur les motifs de sa présence: quelques heures plus tard, il retrouve Costello mort, les phalanges sectionnées.
Reacher, menacé à son tour, décide de mener l’enquête et de remonter la piste du détective et de sa cliente, une mystérieuse Mme Jacob. Il prend un aller simple pour New York, ou plutôt pour l’enfer…
Mon ressenti de lecture…
Troisième volet des aventures de Jack Reacher, ancien de la Police Militaire, retourné à la vie civile avec les honneurs, adoptant une vie de bohème pour contrebalancer l’existence de discipline et de règles imposée depuis sa naissance par son père militaire et sa carrière au sein de l’Armée.
Il veut se fondre dans la masse mais c’est à croire qu’il est un aimant à problèmes! Il était tranquille pépère à creuser des piscines sous le soleil de Floride quand, soudain, il est très demandé. Par qui? Pourquoi? Il ne le sait pas mais quand le sang coule, Reacher a une ligne de conduite très claire: « qui me cherche, me trouve ».
Alors oui, avec Lee Child, c’est une recette toujours savoureuse, une machine bien huilée qui fait mouche à tous les coups. Le perso de Reacher est un bon filon, exploité de manière efficace avec cette plume incisive et efficace, mâtinée d’humour, qui rend cette série addictive.
Mais il serait dommage de n’y voir qu’une lecture récréative car l’auteur glisse quelques sujets de réflexion qui méritent qu’on s’y attarde au fil de l’histoire.
L’intrigue nous mène à New-York, dans le monde des affaires, de la finance et des usuriers. Là où il y a de l’argent, il y a forcément des magouilles.
En attendant que Reacher remonte la piste de Costello, nous allons suivre les déboires de Chester Stone, chef d’entreprise au bord de la faillite, qui se doit de tirer son épingle du jeu tout en préservant la société familiale, sans le soutien des banques qui, on le sait bien, ne prêtent qu’aux riches. Il est un peu pris à la gorge et, pour son malheur, ne va pas s’adresser à la bonne personne.
Hook Hobie est loin d’être un bon samaritain, l’argent est son business depuis longtemps! Et lui aussi est quelque peu pris à la gorge, son secret depuis 30 ans risque d’être éventé et il doit fuir. Oui… fuir mais après un dernier coup juteux. Chester Stone est le pigeon idéal mais c’est sans compter l’intervention d’un certain Jack Reacher!
Oui, Reacher a remonté la piste du privé, a retrouvé son commanditaire, la fille de son supérieur, mentor et ami, Léon Garber, et se met à farfouiller dans les archives militaires pour connaître la raison de la cible collée dans son dos et celui, charmant au demeurant, de la belle Jodie!
Dans ce roman, la guerre de Vietnam est également au centre de l’intrigue. Si, pour beaucoup, ce ne sont que quelques dates, elle a toujours cours à l’heure actuelle dans la volonté américaine de rapatrier les corps de ses soldats.
Lee Child nous éclaire sur un sujet méconnu: les relations militaires entre les States et le Vietnam. L’humiliation symbolisée par l’obligation d’utiliser les transports locaux à des prix exorbitants ou de ne pas arborer l’uniforme américain pour ne pas « traumatiser » les locaux dans les campagnes et de récupération des corps.
Évoquer la guerre du Vietnam, c’est aussi évoquer les horreurs qu’ont vécu ces soldats dans ce conflit perdu. Espace naturel hostile et confiné, des règles de combat tombées aux oubliettes, le non-soutien du peuple américain et… la défaite.
Lee Child, au travers de son personnage, nous ouvre les portes de la famille militaire, celle qui se serre les coudes, celle qui cache ses secrets mais aussi ses blessures, celle du respect… et de la trahison. Le sujet est documenté mais aussi parfaitement illustré dans l’évocation précise de scènes de guerre.
J’ai énormément apprécié ce roman car l’auteur égratigne l’armure de super-héros de Reacher qui est pris en défaut: son instinct semble l’avoir trompé et cela le fragilise. Si j’aime les personnages solitaires, justiciers et froids, je n’en aime pas moins leurs démons et leurs blessures qui intensifient leur côté humain et attachant.
Pour la première fois, Reacher semble également douter du bonheur attaché à sa vie de nomade, sans les contraintes de la vie en société. J’ai souri devant ses questionnements sur le fait de posséder une maison, quelque part. Il vit réellement hors système mais n’en garde pas moins les pieds bien ancrés au sol cet homme. Pragmatique jusqu’au bout des cheveux!
Mais Reacher est-il homme à se poser?
À cause de Lee Child, je radote! Toujours les mêmes compliments sur sa plume: une intrigue bien ficelée, un suspens constant, de l’action, des scènes travaillées et visuelles, le souci du détail et de la précision…
Encore un très bon épisode dans la saga Reacher, que je recommande vivement, bien entendu!
Citations…
« La guerre, dit-il, rien que la guerre. Certains survivent, d’autres meurent, d’autres encore sont portés disparus. Parfois il ne reste rien à retrouver. Un tir d’artillerie peut ramener un homme à ses molécules. Il est tout simplement désintégré. Parfois, il y aura une légère trace rouge dans l’air, comme un brouillard; parfois même pas. D’autre part, même si les restes d’un corps existent, le mouvement des chars amis et ennemis qui passent et repassent sur le champ de bataille finit par enterrer les morceaux. Et le type est définitivement perdu. C’est encore pire avec les avions. Il y a eu de nombreux combats au-dessus de l’océan. Un avion tombe à la mer, et tout son équipage disparaît à jamais, quels que soient les efforts déployés pour le retrouver. »
« Dans toute guerre, la victoire repose sur la maîtrise du temps et de l’espace. Ce qui suppose de ne livrer à l’ennemi que de fausses informations. Les bons stratèges supposent que toutes leurs communications sont espionnées et en profitent pour induire l’ennemi en erreur. »
« Membre estimé d’une communauté structurée, il était soudain devenu un civil anonyme au milieu de deux cent soixante-dix millions d’autres. De nécessaire, il était devenu inutile. Lui qui avait toujours vécu assigné à un poste, à un lieu, chaque minute de chaque jour, s’était soudain trouvé confronté à cinq millions de kilomètres carrés et peut-être encore quarante ans à vivre, sans aucune carte et sans aucun plan. Sa conscience lui soufflait que sa réaction était compréhensible mais défensive, celle d’un homme qui aimait la solitude mais supportait mal l’isolement. »
« Un homme de cette trempe inspire peut-être aux autres des sentiments trop forts pour qu’on puisse les lui manifester de son vivant. »
« Ni choc, ni surprise, ni peur, ni sueurs froides. Ni pause, ni hésitation, ni retenue. Juste la réponse immédiate à un problème purement mécanique, un exercice de géométrie combinant temps, espace, angles, balles dures et chair molle. »
« Pose la question une fois, deux fois, mais, pour l’amour du ciel, pas trois! »
Note: 4/5
Vous retrouverez, sur le blog, la bibliographie de Lee Child et mon avis sur certains de ses titres… bientôt, il n’en manquera pas un seul… naaan, pas un seul!
– Les caves de la Maison Blanche
Lu mais je ne me souviens plus de rien !! 😦
-_- Trop vieux pour toi! :p
Merci ! PTDR
:p
Je n’ai pas souvenir d’en avoir lu. Va falloir réparer ça
Je suis super fan mais je préfère te prévenir de 2 choses: 1, les premiers bouquins sont quasi-introuvables en français-papier. 2, je compare cette série à un bon film d’action. Lee Child a trouvé une très bonne recette efficace avec un super perso mais nous sommes loin des romans noirs ou des thrillers à intrigue tordue. Perso, j’aime car c’est un bon équilibre entre perso charismatique et des histoires riches sans être ni trop simplistes, ni trop prises de tête! Je doute que tu accroches mais sait-on jamais! ^_^
Je note dans un petit coin 😉
🙂