
Daniel Cole – Ragdoll (2017)
4ème de couv’…
Un « cadavre » recomposé à partir de six victimes démembrées et assemblées par des points de suture a été découvert par la police.
La presse l’a aussitôt baptisé « Ragdoll », la poupée de chiffon.
Tout juste réintégré à la Metropolitan Police de Londres, l’inspecteur « Wolf » Fawkes dirige l’enquête sur cette effroyable affaire, assisté par son ancienne coéquipière, l’inspecteur Baxter.
Chaque minute compte, d’autant que le tueur s’amuse à narguer les forces de l’ordre: il a diffusé une liste de six personnes, assortie des dates auxquelles il a prévu de les assassiner.
Le dernier nom est celui de Wolf.
Mon ressenti de lecture…
Comment!?! Avec presque 150 avis sur Babelio, il a fallu un an pour que je le lise?!?
Bin oui, quand on parle un peu trop d’un titre à sa sortie, bibi l’enterre pour le savourer plus tard, au calme, en dehors de tout effet de mode!
Et c’est avec la sortie de sa suite, L’appât, que je me suis enfin décidée!
Un corps. Six victimes. Poupée atypique, le nom du dossier d’enquête est tout trouvé: l’affaire Ragdoll.
Et le Sergeant William Oliver Layton-Fawkes du Metropolitan Police Service, surnommé Wolf, revenu d’une année de purgatoire en hôpital psy est chargé de l’enquête car le tueur l’a voulu ainsi et a noté son nom avec la date prévue pour son assassinat.
Il sera donc aux premières loges pour tenter de déjouer les morts annoncées sur cette liste. Le jeu peut commencer…
L’intrigue est magistrale et bien pensée. Diabolique et implacable. Animée par une plume caustique, incisive et nerveuse, pas le temps de s’ennuyer ni de se poser. Tout va très vite, passant des enquêteurs aux journalistes, et les rebondissements n’ont que le suspens pour adversaire.
Inutile de préciser que j’ai adoré le personnage de Wolf.
Autant je peux me prosterner devant un héros froid et d’une maîtrise de soi inhumaine, autant ce genre de personnage déjanté et borderline est juste jouissif. Parce qu’il est imprévisible, insolent et incontrôlable. Wolf est tout cela à la fois. C’est un sanguin mais qui n’en oublie pas pour autant la discipline de la réflexion et l’opiniâtreté de l’enquête. Ambivalent, contradictoire, accrochez-vous pour le suivre, l’apprécier ou le vouer et le condamner aux gémonies!
Et il est bien plus impliqué qu’on peut le penser, il est davantage qu’une cible…
Et l’étau se resserre grâce à un autre personnage très intéressant: le stagiaire. Edmunds a quitté le bureau des fraudes pour celui des crimes et son travail de fourmi dans la poussière des archives va porter ses fruits mais révéler davantage encore de danger. C’est le portrait qui prend le plus d’envergure dans ce roman. Malmené par Baxter, transparent et humble, il s’affirme au fil de l’enquête, n’hésite pas à taper du point sur la table et affronter ses supérieurs.
Baxter, parlons-en. Elle affronte ses démons personnels, le soir, à la sortie du travail, soupire après un homme qui lui en fait voir de toutes les couleurs, accablée par son devoir professionnel et la loyauté qu’elle porte à son ami. Elle est femme, elle est forte et fragile à la fois mais n’a pas peur du danger. Elle fonce, prête à risquer sa vie. Si elle est plus équilibrée que Wolf, elle apparaît tout de même instable par moments, ajoutant du suspens à l’intrigue. C’est le troisième pilier de cette enquête et elle est diablement « attachiante »!
L’auteur a su mettre en scène un duel de haute volée entre tueur et enquêteurs mais ne s’est pas arrêté là, en introduisant un facteur non négligeable: les médias avec l’ex-femme de Wolf, journaliste aux dents longues. Si le portrait de la carriériste arriviste et opportuniste est juste antipathique et détestable, il représente le rôle souvent lamentable des médias dans la gestion des événements dramatiques du quotidien. L’appel du scoop est plus fort que l’intelligence raisonnable et on ne peut s’empêcher de grimacer de dégoût devant l’aspect voyeur et scandaleux du rôle des médias. Déposez auréoles et plumes, les journalistes ne sont pas des anges, loin de là!
Je ne regrette pas d’avoir attendue un an pour le lire car je peux enchaîner immédiatement avec sa suite, L’appât. Hâte de découvrir ce que Baxter, Wolf ou Edmunds deviennent…
Comment?!? Il faut vous mettre les points sur i et les barres sur t?!? Ce roman est excellent, je vous recommande fortement de jouer à la poupée, même à vos âges!
Citations…
« – Sans blague? Moi, je l’ai blessée? Tu plaisantes, j’espère? (…) Ça fait des années que je suis témoin de la manière dont tu te conduis avec cette pauvre fille. (…) Ce qui signifie deux choses: soit tu as effectivement envie d’elle mais t’as pas les couilles de te jeter à l’eau, soit tu n’as pas envie d’elle, et t’as pas les couilles de lui rendre sa liberté. Dans les deux cas, il te reste quatre jours pour agir comme un homme. »
« – Et combien de fois une personne doit-elle faire ce qui ne lui ressemble pas avant qu’on accepte enfin l’évidence? »
« Il lui fallait de l’adrénaline. (…) Qu’est-ce qui n’allait pas chez elle? Ces souvenirs atroces qui la hantaient étaient-ils préférables à pas de souvenirs du tout? Avoir peur, être en danger, était-ce mieux que rien? »
« Chaque nuit il pensait au désespoir des malades contraints de se retrouver seuls avec eux-mêmes, chaque nuit il entendait leurs pleurs déchirants. »
« (…) le volume effarant d’informations contenues dans cet endroit le bouleversait.
C’était comme un éternel jeu de piste. Dans chacun des dizaines de milliers de cartons référencés, un puzzle attendait d’être étudié, et peut-être enfin reconstitué. Edmunds préférait songer au défi que représentait chaque cas plutôt que de se laisser happer par ce que représentaient ces boîtes identiques: des vies volées, d’autres fichues en l’air, une succession de tragédies alignées sur des rayonnages métalliques dans un silence de cathédrale. »
« Il lui avait fait remarquer que si elle acceptait le poste, elle acceptait l’évidence de son ambition personnelle, rien d’autre. »
« On sait tous qu’agir pour le bien ne s’accorde pas toujours avec la loi, en tout cas pas comme on en rêverait dans un monde idéal. »
« Quand on est flic depuis aussi longtemps que moi, on ne peut plus être surpris par rien. (…) S’il y a une chose que j’ai apprise, c’est que si on pousse quelqu’un à bout, il peut devenir capable du pire.
(…) et à la fin, tu te rends que (…) la bonté, chez nos congénères, ça n’existe pas. Il y a ceux qu’on pousse à bout et ceux qui n’ont pas encore été suffisamment poussés dans leurs ultimes retranchements. »
« Vous voulez faire le bien, mais vous ne le pouvez pas à moins d’être aux commandes. Vous ne pouvez conserver le pouvoir sans les votes, et vous ne pouvez obtenir ces votes qu’en donnant satisfaction à l’opinion publique. Mais parfois, donner satisfaction à l’opinion publique nécessite de sacrifier le but que vous aviez entrepris de mener à bien. Quel jeu étrange que la politique. »
« N’importe quel lâche peut partir à la bataille quand il est certain de l’emporter, mais donnez-moi un homme qui aura le cran de combattre quand il sait qu’il perdra. (…)
George Eliot. »
« Il appuya sur le bouton du haut-parleur et claironna:
– William Fawkes à votre service: bouc émissaire des médias, top model et cadavre en sursis.
– Emily Baxter: épave au bout du rouleau et modérément alcoolisée, Je peux monter? »
« Perchée à la pointe du dôme d’Old Bailey, la statue de la Justice ne lui apparaissait plus désormais comme un symbole de puissance et d’intégrité, mais pour ce qu’elle était vraiment: une femme désespérée ayant perdu toutes ses illusions, prête à sauter dans le vide et à s’écraser sur le sol. »
Retrouvez mon avis sur le Tome 2, ICI…
Ne dis rien ! Non, ne me demande pas pourquoi je ne l’ai pas encore lu !!!
Héhé, peut-être pour la même raison qui fait qu’il est resté un an dans ma PAL! 😉
Ah, toi aussi ça t’arrive ce genre de mésaventure ??? Et je parie même que tu l’avais déclaré « urgent » !! 😉
Yes! Mais on en a trop parlé à sa sortie, j’ai eu l’impression de le connaître avant même le 1er rancard, il était un peu trop courtisé à mon goût… alors je l’ai laissé filer! 😮
Je connais ça aussi… 🙂
Comme toi! A part, si j’attends la sortie d’un auteur chouchou, j’aime attendre quelques temps avant de savourer et c’est avec la sortie du second que je me suis lancée dans Ragdoll et waouh!! J’adore Wolf et Edmunds 😉
Wolf en impose mais Edmunds, avec son petit côté transparent, prend pas mal d’envergure avec son petit côté « rat de bibliothèque » et je le surveille du coin de l’oeil, il pourrait nous surprendre! 😉
Oui ce personnage ne paie pas de mine pourtant il est très bien construit et donne du caractère à l’équipe 😉
Tout à fait d’accord!
😉