Le mémorial des anges – Fabrice Pichon

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Un psychiatre liquidé, un flic qu’on tente d’assassiner, une documentaliste qui passe de vie à trépas… L’activité de la division du SRPJ de Besançon est aussi tumultueuse que les eaux du Doubs en pleine crue. Lorsqu’un procureur obstiné leur met des bâtons dans les roues et qu’il faut travailler de concert avec la gendarmerie parce qu’une des victimes a eu l’excellente idée de se faire liquider en banlieue dijonnaise, rien ne va plus au commissariat de la Gare d’Eau. Tirer le fil pour démêler la pelote, prouver les liens entre ces affaires alors que personne n’y croit, remuer un passé obscur et fouiller dans la vie privée de ses hommes, alors que la sienne est chancelante : la commissaire Bracq n’est pas à la fête. Une enquête où plus que jamais le passé est une clé et les apparences trompeuses.

Mon ressenti de lecture…

Me voici donc repartie à Besançon pour suivre à nouveau l’équipe de flics du Commissariat Central de la Gare d’Eau. Et cela commence bien! On attente à la vie d’un de ses membres dans une forêt réputée pour ses fréquentations scabreuses! Une bonne nouvelle toutefois, Marianne Bracq est là et bien là! Bon… on la regarde un peu avec suspicion, on la prend avec des pincettes, mais elle est bien là! Ouf! Parce que la fin du Complexe du prisme avait eu pour moi un goût d’incohérence! Mais revenons à l’intrigue… Cette tentative d’assassinat va obliger Gendarmerie et Police Nationale à coopérer malgré leurs dissensions, à louvoyer devant les excès d’autorité de l’appareil judiciaire. Elle va obliger ses collègues à creuser sa vie privée, familiale, voire intime. Et nous allons voir qu’il faut savoir s’écarter des chemins balisés pour mettre la vérité à nue. Parce que plusieurs assassinats rapprochés se produisent et, sans les qualités des différents enquêteurs, ils auraient pu continuer à être traités indépendamment des uns des autres et ne pas être élucidés. Les indices recueillis autour de ces événements aiguillent Marianne vers un centre médical, l’IMP des Lys Blancs. Qui n’existe d’ailleurs plus, après une existence brève. Mais pourquoi? Comment? Et que représente ce mystérieux mémorial des anges? De quoi les victimes se sont-elles rendues coupables pour mériter ce sort abject? Cette intrigue aborde le sujet délicat de la prise en charge des enfants handicapés en centre fermé, des abus sur mineurs influençables et fragiles, et de la pédophilie. Mais à aucun moment nous tombons dans le pathos ou le voyeurisme. C’est un sujet délicat traité avec délicatesse. Et après maints rebondissements, l’auteur nous offre une fin en demi-teinte, car rien n’est rose dans l’existence, car les personnages ne sont pas lisses et traînent leurs propres gamelles… Parce que les erreurs du passé nous suivent fidèlement… J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture de Fabrice Pichon qui signe ici, à mon sens, son roman le plus accompli et abouti. A tous les niveaux. Actions et mystères s’enchaînent dans un rythme soutenu, entremêlent passé et présent avec finesse. Et je trouve qu’il a enfin trouvé le ton juste pour ses personnages féminins en lui leur insufflant la féminité nécessaire à les rendre attachantes! Marianne reste une femme de tête mais tremble dans ses fragilités, se retrouve face à ses démons, vibre de sentiments. Le personnage de Nicole Desvignes, découvert dans Vengeance sans visage, fait une apparition, comme un vent de fraîcheur pour apporter un élan vivifiant et efficace à cette enquête complexe et souder le lien entre les trois romans. Le mémorial des anges est assurément le roman que j’ai préféré de Fabrice Pichon et je ne peux que vous en recommander la lecture… bien sûr…

Citations…

Ce n’était ni une bonne, ni une mauvaise nouvelle, simplement l’annonce d’une nouvelle attente.

Marianne se sentit lasse de ces magistrats qui n’échangeaient que pour se plaindre. Souvent pris entre la justice et l’enclume, le boulot de flic devenait de plus en plus un jeu d’équilibriste. La réalité était à des années-lumière des fictions lisses dont s’abreuvaient ses concitoyens et le parquet marchait rarement main dans la main avec les enquêteurs. Les procédures primaient sur le flair des bons flics, quand ce n’était pas la parole des policiers qui devenait suspecte. Une sale ambiance.

Chacun devait fournir des chiffres et une espèce de compétition malsaine gangrenait leurs relations.

Après tout, les magistrats n’étaient que des hommes et à ce titre aussi faibles et faillibles que les justiciables.

Note: 4/5

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16 réflexions au sujet de « Le mémorial des anges – Fabrice Pichon »

  1. Merci Karine de ce ressenti à propos du Mémorial ( et du complexe, j’en profites mais j’étais un peu éloigné du net ces dernières semaines)

Répondre à belette2911 Annuler la réponse.