Hipnofobia – Salvador Macip

Hipnofobia - Salvador Macip4ème de couv’

Lumière blanche. Sol blanc. Le plafond, s’il existe, est blanc lui aussi. Je ne peux pas voir mes mains, attachées dans mon dos, mais elles doivent sûrement être déjà aussi pâles que tout ce qui m’entoure. Le blanc, c’est le vide. Le vide de la pièce où l’on m’a enfermé. Je suis assis sur une chaise invisible, figé dans l’espace et le temps. Ils prétendent que mes pensées n’ont pas de consistance

mais ils ne peuvent stopper mon mental. Ils ne savent pas que je les entends. Que je les vois. Je n’ai pas besoin de l’ouïe, ni de la vue, ni d’aucun autre sens. Plus maintenant. Je peux suivre leurs mouvements de là où je suis. Je sais comment ils parlent de moi, comment ils doutent, comment ils se croient en sécurité après avoir coulé ces mètres de béton entre nous. La voix du docteur M parvient jusqu’à moi aussi clairement que s’il se trouvait à mes côtés : « Nous le gardons en observation depuis déjà trois semaines, et il n’a pas encore dormi. »

Mon ressenti de lecture…

Hipnofobia… pour faire simple, une angoisse, une peur morbide de se laisser aller au sommeil… Le 4ème de couv’ est alléchante, on semble déjà tétanisé d’angoisse entre le titre et ce résumé. En fait, il y a la trame principale comme le tronc d’un arbre, et chaque chapitre en est une branche. Différents personnages, différents parcours… et destins différents bien sûr. Cela peut paraître déstabilisant si la lecture reste en surface, au 1er degré. En effet, cette juxtaposition et accumulation d’acteurs rend l’intrigue un peu brouillonne de prime abord et nous empêche de réellement s’attacher à qui que ce soit. Par contre, ce montage est particulièrement original et judicieux si on descend au 2ème sous-sol. En effet, que ferait celui qui découvre comment révéler les facultés cachées du cerveau humain et comment les exploiter? Le docteur M connaît le secret. Seul, il ne peut changer la face du monde. Et c’est là que le livre est très intéressant, on chemine au fil de ses expérimentations… il teste sa méthode sur un adulte, sur une masse d’individus, essaie de rallier des confrères à sa cause et élimine les réfractaires… pour finalement jeter son dévolu sur la création d’une école particulière… en effet, quoi de mieux pour l’essor d’un cerveau que des jeunes enfants encore immatures… Mais c’est sans compter les esprits intrinsèquement rebelles, sans compter un homme qui voit les dangers d’une telle maîtrise et d’un tel conditionnement à l’échelle mondiale. Ce roman mêle habilement science-fiction et réflexion humaniste, sur fond classique de combat entre le bien et le mal. La fin n’est pas une grande apothéose, c’est un constat plus qu’une finalité. Je verrais bien une suite parce que je reste sur ma faim, tout de même. Le sujet des possibilités encore obscures du cerveau humain est passionnément et ce roman en a entr’ouvert une des portes, il suffirait de l’ouvrir maintenant en grand…

Note: 4/5

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