
David Khara – Le programme D-X (2018)
4ème de couv’…
L’ancien agent du Mossad Eytan Morg, reclus au large de l’Irlande depuis quatre ans, doit sortir de sa retraite quand l’homme à la tête du Consortium, une organisation criminelle qui préside en secret aux destinées de l’humanité, exige de lui parler avant de mourir.
Aux États-Unis, le jeune flic Andy Irvine est confronté à un meurtre barbare: une infirmière est retrouvée pendue dans un entrepôt, le corps calciné.
Mais ce meurtre n’est peut-être pas isolé…
Tueur en série fétichiste? Opération du Consortium?
Seul Eytan pourra le découvrir, mais le temps lui est compté.
Mon ressenti de lecture…
David Khara est dans mon panthéon d’auteurs préférés, toutes langues confondues! Et Eytan Morgenstern est fatalement un de mes personnages livresques préférés, il est bien pote avec Jack Reacher de Lee Child, c’est dire!
C’était donc avec une fervente et immense impatience que j’attendais les nouvelles aventures de ce géant! Et après la première trilogie (Le projet Bleiberg, Le projet Shiro et Le projet Morgenstern), nous entamons donc les programmes avec Le programme D-X, X comme dix en chiffres romains, hein, pas la lettre!
Eytan s’est retiré sur son île irlandaise battue par les vents et la brume pour vivre une retraite bien méritée. Tranquille, entre peinture et livres d’une bibliothèque bien fournie. Tranquille, coupé du reste du monde et de ses chaos.
Mais le monde peut-il se passer de celui qui n’a jamais cessé de se battre depuis la Seconde Guerre Mondiale, en gardant un physique de titan trentenaire?
Que nenni quand le Consortium sévit toujours et encore, ne cesse de vouloir contrôler la destinée des êtres humains. Et avec le programme D-X, l’humanité a bien du souci à se faire! À moins que…
Quel plaisir mais quel plaisir de retrouver Eytan, Avi, Franck, Jacqueline et Jeremy! Les années (trop!) ont passé depuis la parution du dernier projet mais dès les premières pages, elles se sont effacées comme si nous avions quitté Eytan et ses complices seulement hier!
Alors que les lieutenants Hastings et Irvine, à Seattle, ouvrent une enquête sur un assassinat horrible, Eytan se rend au chevet du Cypher.
Ce n’est pas un nom, c’est un titre. Celui du chef du Consortium, ennemi juré d’Eytan. Et le moribond qui lui offre une traque sur mesure, cherche à rétablir l’équilibre qu’une nouvelle direction met en danger.
Le Consortium cherche toujours et encore à contrôler l’humain et cette fois-ci, si rien n’est fait, c’est l’humanité entière qui va en souffrir. Dans cette intrigue, le lecteur peut se contenter de n’y voir qu’une intrigue passionnante et surtout fictionnelle. Mais il peut également y voir les dérives de notre société moderne, avec la manipulation de masse par le biais des produits de consommation, du contrôle des semences ou encore le monopole de grandes sociétés dans la vente de pesticides. je ne cite aucun nom mais l’actualité abonde en ce sens.
Mais ne nous égarons pas dans ces digressions, le Consortium vise l’aryen parfait, le surhomme, le super-soldat.
L’intrigue est basée sur une vérité historique: de l’usage de la Pervitine, la fameuse pilule de Göring, petit bonbon des soldats allemands ou de la Benzédrine chez les alliés, la réflexion sur l’homme en qualité d’outil de guerre et de carcasse manipulable à souhait est posée.
Et la volonté de tendre vers une certaine invulnérabilité n’est pas l’apanage des méchants, comme le suggère les flashbacks sur la vie d’Eytan en qualité d’espion pour les alliés dans les années 40 ou les recherches du Docteur Meyer sur le sérum nécessaire à la survie d’Eytan. Où est la ligne à ne pas franchir? La réponse n’est pas si limpide que l’on pourrait croire.
Dans ce roman, j’ai été touchée par l’accent porté sur l’humanité, sur la nature de l’homme lambda, sur celle du soldat, sur les rapports de père et fils ou mentor et élève, portés par le duo de lieutenants américains, sur la relation qui lie les êtres entre eux au travers de l’amitié ou de l’amour filial.
J’ai retrouvé avec délectation la plume incisive de David Khara dans ses traits d’humour caustique, dans ses envolées quasi-lyriques comme celle sur la nécessité de héros pour un avenir meilleur, dans ses évocations historiques qui trahissent le fan d’Histoire.
J’aime les romans de cet auteur car ils offrent un panel complet de genres et de sensations: nous avons le thriller trépidant, l’intrigue qui vous tient en haleine, les rebondissements et l’action; nous avons des personnages attachants, qui évoluent, s’enrichissent, nous quittent parfois, nous dévoilent leurs fragilités, leur faiblesse mais aussi leur confiance en un lendemain plus clair. Nous avons des sujets d’actualité, en filigrane, pour nous alerter sur les dérives de notre société et matière à penser sur ce que nous sommes, avec nos illusions et nos contradictions.
J’ai attendu cette suite loooongtemps, trop longtemps, mais diantre, que ce retour fut bon! Un régal livresque qui abrège votre nuit de sommeil mais sans regret aucun!
David Khara est l’auteur dont j’ai le plus offert de livres autour de moi et ce n’est pas avec Le programme D-X que ça changera! Un auteur à découvrir de toute urgence pour ceux qui ne connaissent pas car c’est un grand auteur, au succès trop modeste à mon sens! Et pour les fans, quelles retrouvailles géniales qui vont égratigner lamentablement notre patience à accueillir… la suite!
Citations…
« Un seul ennemi pouvait contraindre un être aussi exceptionnel qu’Eytan à rendre les armes: lui-même. »
« (…) il faut plusieurs années pour éroder la confiance d’un policier en l’âme humaine. Le processus est lent, insidieux (…) Dans mon cas, une heure face à ce mec a suffi à me faire basculer. »
« – Je suis mal en point, mais je ne suis pas encore mort, monsieur Morg.
– Ne désespérez pas, la matinée n’est pas encore terminée. »
« La politique, l’économie, l’avenir sont devenus flous. Le religion n’offre même plus de canot de sauvetage à une espèce en pleine dérive. Les gens se tournent à nouveau vers les faux prophètes, comme ce fut le cas maintes fois par le passé. »
« La gloire et les honneurs ne faisaient pas le poids face à l’excitation procurée par l’immersion au cœur des projets les plus fous, fussent-ils ceux des nazis ou des alliés. »
« (…) cessez de me donner du « Premier Ministre » à chaque phrase. Croyez que je suis bien assez conscient de ma position pour ne pas avoir besoin qu’on me la rappelle si souvent. »
« Rien d’ambitieux n’a jamais été accompli en suivant les règles. Le risque zéro est une machine à créer des cons et des lâches. C’est en se plantant qu’on apprend, pas en évitant à tout prix de se planter. »
« L’entraînement ne fait que réduire les risques de craquer sous la pression, il n’en prémunit personne. La confrontation à la réalité d’une guerre détruit tous ceux qui s’y frottent. (…) On peut réparer les blessures physiques, poser des prothèses à la place d’un membre perdu, remplacer certains organe, mais rien ne répare un esprit marqué au fer rouge par la peur de crever à chaque seconde. Aucun être humain n’en sort indemne. »
« (…) le vrai pouvoir ne consiste pas en une arme, des gros muscles ou une armée gigantesque. Une information fiable et exclusive, voilà le seul vrai pouvoir. »
« Il me faut un être humain, Eytan. Juste un être humain, capable de maintenir son équilibre sur la mince ligne de crête entre la raison et la sauvagerie, la pondération et l’audace. »
« Il y a deux façons d’anticiper les mouvements d’un adversaire. Soit l’expérience acquise vous informe de ses intentions, soit vous projetez sur lui ce dont vous seriez vous mêmes capable. »
« Sous les bombes ou la mitraille, quand la mort et la barbarie nous écrasent de leurs ombres, quand tout espoir nous abandonne, nous avons tous besoin que des individus se dressent. Et quand ils se tiennent là, debout devant nous, nous nous accrochons à eux de toutes les forces qui nous restent. Ils dissipent les ombres de la mort, effacent toute barbarie. Et dans la main qu’ils nous tendent pour nous aider à nous relever, nous retrouvons l’espoir qui nous avait quittés. Ils possèdent ce supplément d’âme qui nous insuffle le désir de vivre. »
« Mais je crois, mon cher. Ma foi se porte sur les lois de la physique, et sur l’ensemble des règles qui ont l’univers.
Je n’exclus pas l’existence d’un être supérieur, je doute simplement qu’il ait poussé le vice jusqu’à endosser plusieurs personnalités afin d’inciter les humains à se massacrer en ses multiples noms. À moins que Dieu ne souffre d’un sévère trouble dissociatif de personnalité, ce qui expliquerait pourquoi le monde est si mal barré… »
« Les jours, les semaines, les mois et les années s’écoulaient inexorablement, au gré des patients, des soins prodigués et des défaites, trop fréquentes, face à l’acharnement de la mort à s’emparer de ses proies. »
Retrouvez l’ensemble de mes avis sur les romans de David Khara dans sa bibliographie, ICI!