Représailles – Scott Turow

Scott Turow - Représailles (2018)

Scott Turow – Représailles (2018)

blognote 4

4ème de couv’…

À l’âge de cinquante ans, l’ancien procureur Bill Dix Boom quitte brusquement tout ce qui peuplait son quotidien: sa carrière juridique, sa femme et même son pays.
Engagé par la Cour pénale internationale – une institution chargée de poursuivre les crimes contre l’humanité – il va enquêter sur l’affaire la plus insaisissable de sa carrière.

Il y a plus de dix ans, dans le chaos apocalyptique ayant suivi la guerre en Bosnie, tout un camp de réfugiés rom s’est volatilisé. Aujourd’hui, pour la première fois, un témoin s’est présenté: Ferko Rincic prétend que des hommes armés ont emmené les Tsiganes habitant le camp dans une grotte au milieu de la nuit… puis, au moyen d’une grenade, ont provoqué une avalanche, enterrant vivantes quatre cent personnes.

Seul Ferko a survécu.

La mission de Boom consiste à examiner ces déclarations et à déterminer qui pourrait avoir massacré les Roms. Son enquête le conduit du siège de la Cour pénale internationale aux villes et villages de Bosnie et à des réunions secrètes à Washington. Faire le tri parmi une foule de suspects, allant de paramilitaires serbes à des membres de gangs du crime organisé et au gouvernement américain lui-même, telle est la mission de Bloom. Il y a aussi Ferko à retrouver, sur le témoignage duquel repose toute l’affaire… et qui en sait peut-être plus long qu’il ne le dit.

Mon ressenti de lecture…

Les Balkans est une des régions du monde dont l’Histoire est super compliquée à appréhender: bosniaques, serbes, croates, catholiques, musulmans, orthodoxes, des guerres à répétition, des massacres, un mille-feuille culturel né de la confrontation permanente entre orientaux, slaves et occidentaux, bref, une constante poudrière.

C’est donc un thème casse-gueule à mettre en scène, a fortiori dans un thriller juridique et si on y glisse une communauté de Roms. Mais heureusement, Scott Turow n’est pas un novice en la matière, c’est un des rois des thrillers juridiques depuis des années et, ce qui explique que le bonhomme connaît bien son sujet, c’est qu’il exerce le métier… d’avocat.

Mais son personnage, Bill Dix Boom, a tout quitté pour venir s’installer à La Haye aux Pays Bas et se frotter à la Cour Pénale Internationale car prendre en charge des dossiers sur les crimes de guerre, génocides et autre crimes contre l’humanité peut redonner un coup de fouet à une existence jusque là insatisfaisante.

L’auteur sort des sentiers battus de la Justice américaine pour explorer cette CPI, organe permanent née en 2002, prenant la suite des Tribunaux Internationaux temporaires, son domaine d’action, ses pouvoirs, ses compétences, les problèmes de coopération entre États, organismes internationaux comme l’ONU ou l’OTAN, les signataires du Traité de Rome de 1998 mais qui ne l’ont pas ratifié comme les USA. C’est passionnant, intéressant et très bien décrit et intégré à l’intrigue.

Et l’intrigue est riche: un éventuel massacre d’un camp d’une ethnie de tout temps maltraitée, pourchassée et stigmatisée, les ROMS, dans un pays où règne encore le chaos après la guerre de Yougoslavie, à l’époque où des forces armées américaines étaient encore présentes et où les trafiquants règnent en maîtres.

L’enquête est ardue, le témoignage du seul présumé survivant est sujet à caution, le silence règne et les esprits sont frappé d’amnésie sur un événement supposé remontant à une dizaine d’années déjà.

Les suspects ne manquent pas, les rebondissements s’enchaînent. Quand on pense avoir établi un modus operandi, un détail joue le grain de sable dans l’engrenage et oblige à changer de piste.

Boom a du pain sur la planche, semble bénéficier d’aides extérieures mais n’est-ce pas une manipulation supplémentaire pour étouffer un tel scandale? La paranoïa instille ses doutes car le dossier est brûlant. L’enquête ne se déroule pas seulement dans un bureau, Boom part sur le terrain, voyage des États-Unis au Pays-Bas, en passant par la Bosnie.

Son nouveau travail est en jeu mais aussi sa vie personnelle. Boom doit régler ses comptes avec son passé, couper le cordon de la mère patrie, se rapprocher pourtant de ses deux grands fils, apprivoiser son nouvel environnement et, à son grand âge, envisager, peut-être de se caser à nouveau.

J’ai beaucoup aimé ce roman qui flirte avec la géo-politique, tout en restant fermement judiciaire, un roman qui fait aussi la part belle à la psyché du personnage de Boom, sa crise de la cinquantaine, ses valeurs et ses projets. Le juste équilibre entre ces différents aspects harponne le lecteur dès le départ et cela vaut mieux car c’est tout de même près de 500 pages qui nous accompagnent!

Citations…

« Le silence envahit la salle comme si un doigt menaçant s’était levé, et chacun d’entre nous sembla rentrer en lui-même, dans l’abîme de peur et de solitude où nous plonge inévitablement le visage du mal. »

« Politique et poursuites judiciaires n’ont jamais fait bon ménage. »

« La justice est la même partout, mon général. Enfermer quatre cents hommes, femmes et enfants dans une mine de charbon en l’absence de toute provocation est un crime dans n’importe quelle contrée, et je doute que vous considériez réellement la poursuite d’une telle atrocité comme une « fantaisie moralisatrice ». »

« (…) je me sens proche du mode de pensées des hommes de loi, en partie parce qu’il diffère tellement de la façon dont un soldat considère les problèmes. Vous vous attachez aux principes fondamentaux. Nous nous intéressons essentiellement aux résultats. »

« Les hommes de loi – tous autant qu’ils sont – vivent dans un monde de concepts et de mots où les réalités physiques ne font que de rares incursions. »

« Un méfait de cette ampleur était comme une étoile morte, aspirant toute la lumière de la vie. »

« Je croyais au refrain selon lequel tout le monde mérite d’être défendu, mais j’avais décidé que ce n’était pas nécessairement à moi d’assurer leur défense. »

« Le courage n’est pas l’absence de peur, Boom. C’est d’en faire abstraction. »

« Les gens ne peuvent pas croire à la civilisation sans avoir la certitude que la société fera tout ce qu’elle peut pour réparer les torts. »

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The Bear Memoria

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