
Ilaria Tuti – Sur le toit de l’enfer (2018)
4ème de couv’…
Dans les montagnes sauvages du Frioul, en Italie, le commissaire Teresa Battaglia, la soixantaine, la langue acérée et le cœur tendre, est appelée sur les lieux d’un crime pour le moins singulier: un homme a été retrouvé mort, les yeux arrachés.
À côté de lui, un épouvantail fabriqué avec du cuivre, de la corde, des branchages… et ses vêtements ensanglantés.
Pour Teresa, spécialiste du profilage, cela ne fait aucun doute:
le tueur frappera à nouveau.
Elle va devoir rassembler toute son énergie et s’en remettre à son expérience pour traquer cette bête humaine qui rôde dans les bois.
Si tant est que sa mémoire ne commence pas à lui faire défaut…
Mon ressenti de lecture…
Teresa Battaglia, commissaire sexagénaire, au talent de profilage certain, doit faire face à un meurtre atypique qui ne peut rester isolé.
Oui mais voilà, le cadre est particulier. Dans ces montagnes italiennes, l’esprit de village est solidement ancré et son enquête ne va pas en être facilitée.
Surtout qu’elle doit également gérer ses soucis de santé et l’arrivée d’un jeune inspecteur bien orgueilleux, Massimo Marini…
Malgré des chapitres courts, l’intrigue est un peu lente et parfois décousue à mon goût. Mais le thème abordé est très intéressant.
Comme rappelé en Note de l’auteur, « l’étude des effets dévastateurs du syndrome de privation affective sur les nouveaux-nés (…) a été conduite par René Spitz, psychanalyste (…). Émigré aux États-Unis avant la Seconde Guerre Mondiale, ce médecin hongrois naturalisé américain a mis en exergue les conséquences de la carence affective maternelle chez les bébés et très jeunes enfants.
Et ce thème alimente l’intrigue de ce thriller psychologique au travers de la construction et du passé d’Andreas, et des flash backs de l’orphelinat.
Ce que subit un enfant, il l’emmène bien loin dans sa vie d’adulte…
L’auteur a su développer ce côté psychologique de manière fine, tout en développant la psyché de ses personnages principaux, et j’ai beaucoup apprécié ce schéma narratif.
J’ai également beaucoup aimé les descriptions de la nature au fil des saisons. L’auteur est en terrain connu et cela se sent au travers des termes pour traduire les couleurs et les odeurs qui frôlent parfois même la poésie.
Mais le hic, c’est que je n’ai pas accroché avec le personnage principal, Teresa. Une rencontre se passe de mots parfois, l’individu se doit de conserver un brin de mystère, surtout s’il est amené à venir vous visiter pour d’autres romans. Et avec Sur le toit de l’enfer, j’ai déjà l’impression d’avoir fait le tour de la personnalité de Teresa qui occupe très (trop?) largement le devant de la scène. Et c’est dommage car elle campe une femme atypique dans le paysages des héroïnes de romans. Elle allie la fragilité humaine, les émotions et l’empathie à son efficacité de flic et de profiler, elle materne d’une manière bourrue ses acolytes.
Mention spéciale pour ses réparties savoureuses, toutefois!
Pour un premier roman, le talent d’Ilaria Tuti est très prometteur! Un bel essai, à confirmer pour ma part car je ne suis pas entièrement convaincue!
Citations…
« Pour sa part, elle s’était toujours sentie un peu allergique à l’espérance, mais en fin de compte, songea-t-elle, il fallait quand même croire en quelque chose: et pourquoi pas à quelque chose de beau? »
« La solitude était une colocataire discrète, qui jamais n’envahissait les espaces et qui laissait tout tel quel. Elle n’avait ni odeur, ni couleur. C’était une absence, une entité qui se définissait par opposition comme un vide, mais qui existait (…) »
« L’Église est toujours sévère avec les autres,
mais se pardonne facilement à elle-même (…) »
« La peur est souvent ce qui fait la différence entre vivre et mourir.
Elle peut sauver des vies. »
« On fuit ce qui nous effraie et nous blesse, ou ce qui nous emprisonne (…) »
« La vie faisait peur, quand on regardait en face ce qu’elle pouvait être vraiment, mais elle demeurait sacrée, inviolable, une aventure extraordinaire qu’il convenait d’affronter avec le cœur battant à tout rompre et un sentiment d’émerveillement qui ne pouvait s’éteindre, même devant la douleur la plus déchirante. »
Il est vrai qu’aujourd’hui on tourne un peu en rond avec les personnages de flics : malades, déprimés, alcooliques, bougons voire asociaux… Comme si les auteurs se sentaient obligés d’en faire toujours plus que leurs concurrents. Alors qu’une saine simplicité, justement dosée d’intelligence et d’efficacité fonctionnent toujours parfaitement. Je pense entre autres au commissaire Maigret : efficace, attachant, un poil mystérieux, et résolvant des enquêtes toujours ardues… Bon, c’est sûr, n’est pas Simenon qui veut 😉
Je suis totalement d’accord! Je suis davantage thriller que polar, déjà, à la base et rencontrer le même style de flics me barbe un peu! Bon, je dois aussi avouer qu’en ce moment je m’éloigne un peu des polars et thrillers donc je suis un peu plus intransigeante! ^_^
C’est une bonne option, pour rompre l’effet de lassitude !
Exactement et si je ne prends plus autant de plaisir dans un genre, je préfère aller voir ailleurs… le temps que ça se calme! ^_^
Je verrai ce que j’en pense et si je suis sur ta ligne de conduite ou sur celle de ceux qui l’ont adoré 🙂
Curieuse de lire ton avis, comme toujours! 😉
Va falloir attendre un peu !! 😀
Attendre, toujours attendre… je sais, je sais! 😉 Je sais être patiente aussi pour certaines choses! :p
« J’ai failli attendre » comme disait l’autre 😉
Mdr! 😀