
Martha Hall Kelly – Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux (2018)
4ème de couv’…
À New York, Caroline Ferriday travaille au consulat français. Mais lorsque les armées hitlériennes envahissent la Pologne en septembre 1939, c’est tout son quotidien qui va être bouleversé.
De l’autre côté de l’océan, Kasia Kuzmerick, une adolescente polonaise, renonce à son enfance pour rejoindre la Résistance. Mais la moindre erreur peut être fatale.
Quant à l’ambitieuse Herta Oberheuser, médecin allemand, la proposition que lui fait le gouvernement SS va lui permettre de montrer enfin toutes ses capacités. Mais une fois embauchée, elle va se retrouver sous la domination des hommes…
Les vies de ces trois femmes seront liées à jamais lorsque Kasia est envoyée à Ravensbrück, le tristement célèbre camp de concentration pour femmes.
À travers les continents, de New York à Paris, de l’Allemagne à la Pologne, Caroline et Kasia vont tout tenter pour que l’Histoire n’oublie jamais les atrocités commises.
Mon ressenti de lecture…
Caroline, Kasia et Herta. Trois destins qui, tels des électrons libres, vont se rejoindre, se percuter ou se distancier au cours de la Seconde Guerre Mondiale.
J’aimais bien l’idée de départ, à savoir confronter le parcours de ces trois femmes pendant la Seconde Guerre Mondiale, d’un point de vue à chaque fois radicalement différent.
Nous avons Caroline, l’américaine, ancienne actrice, d’une famille aisée, la plus éloignée géographiquement des conflits armés.
Si elle renvoie l’image d’une femme du monde totalement investie dans son travail d’aide aux orphelinats français, dépensant son énergie pour lever des fonds, capable de mettre aux clous l’argenterie de la famille ou de sacrifier ses costumes de scène pour la confection de vêtements d’enfants, son amourette avec un homme marié laisse planer une atmosphère de superficialité et de distanciation par rapport au drame européen.
Et même si son cher et tendre, Paul Rodierre, ne va pas traverser cette guerre sans dommages, j’ai eu du mal à apprécier cette partie de l’intrigue.
Toutefois, l’atmosphère américaine est bien rendue, entre volonté d’isolationnisme de la fin des années 30 et l’entrée en guerre, le chaos de la gestion des personnes fuyant l’Europe et le brouillard entourant les financements apportés à certains pays.
Nous avons ensuite Kasia, en Pologne, qui sera envoyée en camp de concentration avec sa mère et sa sœur, verra une partie de sa famille disparaître, subira d’atroces souffrances et mutilations par le fait d’expérimentations menées au sein du camp et deviendra une survivante en colère.
Les passages concernant Kasia sont aussi extrêmement bien documentés en relatant le traumatisme des Kaninchen, des « lapins ». Surnoms donnés à ces femmes ayant été les victimes d’expérimentations pseudo-médicales terribles menées par le Docteur Bernhardt, dont les survivantes devaient disparaître car preuves vivantes des exactions nazies.
Quelques unes seront sauvées grâce à la solidarité au sein du camp, en étant cachées pendant plusieurs mois, en changeant leurs numéros qui devaient les mener à l’exécution, en permettant leur évasion.
« Ravensbrück fut l’épicentre du crime contre les femmes. » a-t-on coutume de lire dans les publications historiques et l’auteur a su s’en faire le reflet.
L’auteur décrit fidèlement le sort de ces femmes après la guerre, dans une Pologne sous influence soviétique, abandonnées à leurs douleurs et leurs handicaps. Et c’est là que Caroline, l’américaine fera connaissance de Kasia, en offrant à quelques unes une chance pour une vie nouvelle et meilleure, une chance aussi de se venger.
Les destins de Kasia et de sa sœur sont les moments les plus bouleversants du roman, de part leurs souffrances bien évidemment mais aussi de part la manière dont ces deux femmes vont évoluer différemment tout en ayant vécu les mêmes événements.
Et nous avons le bourreau, Herta. Elle ne peut devenir chirurgienne, la politique anti-féministe nazie y pourvoit. Elle sera l’assistante active du Docteur Bernhardt au sein de Ravensbrück…
Elle essaiera de glisser entre les mailles du filet des libérateurs alliés. Mais sera-t-elle à l’abri de la vengeance?
Malheureusement, l’auteur a décrit un personnage froid et désincarné aux conflits de conscience bien fades et peu présents qui empêche toute empathie et tout espoir de trouver en Herta une once d’humanité.
J’aimais bien l’idée de départ, le contexte est très bien documenté mais le tout ne m’a pas captivée. Je n’ai pas ressenti les émotions qui auraient rendu cette lecture inoubliable.
Opinion subjective évidemment car techniquement, l’intrigue se tient bien et le style de l’auteur, sans être extraordinaire, est agréable.
Mais… pas d’étincelle d’émotions… Il y a de la matière, indéniablement, mais la manière de raconter ces femmes ne m’a pas charmée. Dommage!
Citations…
« – Vous savez que le muguet est vénéneux, n’est-ce pas? me demanda-t-il.
– Donc ne le mangez pas. Au moins, pas avant d’avoir fini de parler. Ou seulement si le public vous hue. »
« La société de Manhattan est comme un système solaire avec ses propres lois. Il suffit qu’on voie une femme célibataire au restaurant avec un homme marié pour dérégler l’alignement de ses planètes. »
« (…) Tu as peut-être le bébé et le mari, mais moi ce que je veux, c’est le bonheur (…). »
« Je sais que les questions non résolues peuvent avoir un effet désastreux sur le psychisme. Produire de l’hostilité. Détruire des relations. (…)
Je sais aussi que vous avez un travail considérable à faire et que vous devez vraiment vous y mettre. C’est le secret de la guérison. »
Je ne savais pas pour le lilas…. mdr Et puisque tu n’as pas été captivée, je vais passer tranquillement mon chemin 🙂
Même pas tu ne t’arrêtes pour sentir le lilas? 😉
Si, j’adore le lilas en fleur, on a un mauve qui sent très bon, très doux, plus doux en odeur que le blanc.