
Adelaïde de Clermont-Tonnerre – Le dernier des nôtres (2016)
4ème de couv’…
Manhattan, 1969: un homme rencontre une femme.
Dresde, 1945: sous un déluge de bombes, une mère agonise en accouchant d’un petit garçon.
Deux frères ennemis, deux femmes liées par une amitié indéfectible, deux jeunes gens emportés par un amour impossible sont les héros de ce roman.
Mon ressenti de lecture…
Non je n’ai pas choisi cette lecture en fonction des prix décernés, j’y suis allergique comme tous les bandeaux racoleurs qui rendent rarement service à l’auteur… et aux lecteurs.
Non, je n’ai pas été victime de la publicité autour de ce roman à sa sortie. Avec moi, la recette est simple: mentionnez la Seconde Guerre Mondiale sur la 4ème de couv’ et je tombe comme une mouche.
Mais il ne suffit pas de brandir les horreurs de ce conflit pour que je succombe. Je n’ai pas aimé ce roman. Je me suis ennuyée tout du long.
J’attendais un peu de matière sur un thème pourtant passionnant: la récupération par les anciens alliés des acteurs scientifiques de la folie nazie, tout au long de la guerre et surtout après, par le biais de l’opération Paperclip (ou Overcast) menée par les militaires américains aux fins de recrutement de plus de 1.000 scientifiques nazis et d’exploitation des innovations nazies. La légitimation de cette opération passait par le combat futur contre les soviétiques mais reste toutefois une démarche d’une moralité bien douteuse. Le sujet est certes évoqué, il tient lieu de trait d’union entre les deux époques mises en scène, mais d’une manière trop superficielle pour qu’elle soit captivante. C’était pourtant bien parti avec Dresde sous les bombes mais l’émotion fut de courte durée et noyée par le libertinage de Werner Zilch, séducteur impénitent et débauché notoire.
Shéma classique de deux époques entrechoquées pour la confrontation du passé et du présent pour lier deux destins, Le dernier des nôtres est un roman qui hameçonne le lecteur avec une promesse d’une histoire tragique et intense alors que ce n’est qu’une bluette exploitant le terreau fertile de la liberté sexuelle des années hippies qui, de plus, sonne faux avec des personnages peu attachants.
L’émotion n’est pas au rendez-vous.
Et si l’évocation sucée et re-sucée de la fuite des cerveaux diaboliques nazis favorisée par les alliés apporte un brin d’intérêt, elle est tellement survolée qu’en fin de compte, elle en devient fade et transparente.
Il est difficile de trouver des thèmes originaux face à la masse de productions littéraires qui encombrent les rayonnages des librairies, bibliothèques et tablettes, le talent réside dans la manière de traiter son sujet et de raconter une histoire.
Donc, non, le style de l’auteur ne m’a pas éblouie, m’appâter avec la Seconde Guerre Mondiale n’a pas suffit à me faire apprécier cette lecture que j’estime peu subtile et sans intérêt.
Trois étoiles tout de même car je sais que les fans d’histoires d’amour y trouveront leur compte car peu exigeants (sans mépris aucun) sur le fil historique. Ce qui n’est pas mon cas, le déballage de cuisses ne m’intéresse pas mais l’intensité d’un amour sur fond dramatique, oui.
Aucun commentaire sur les prix décernés pour ce roman, les mecs avaient dû fumer avant de voter et cela ne fait que confirmer mon allergie à ces duperies commerciales pseudo-élitistes.
Et je me questionne encore sur la raison de ce titre, Le dernier des nôtres, qui augurait un destin moins banal…
Citations…
« Victor Klemp, le chirurgien à l’origine de cette unité d’urgence, tentait d’organiser l’horreur. Il avait un temps pensé que Dieu punissait son peuple d’une faute qu’il soupçonnait et qu’il avait refusé de regarder en face. Depuis que, cent fois par heure, la mort l’humiliait des pires façons, il ne croyait plus que Dieu avait voulu cette souffrance. Il ne croyait plus que Dieu s’intéressait encore à ce monde, et l’église, seule verticale s’arrachant aux sédiments des destructions, ne lui semblait ni un miracle, ni un signe du ciel, mais une ultime et révoltante provocation. »
« Il n’avait plus de quoi alléger les souffrances des mourants ou de ceux qu’il devait opérer. Ni morphine, ni alcool, ni mots d’humanité. »
« Il est facile de trouver la solution quand les années ont passé, mais c’est dans le brouillard du présent que les décisions se prennent. »
« Le mal existe, les sadiques aussi. N’allez pas leur chercher d’excuses, ils n’en ont pas. C’est leur tempérament profond. Ils prennent leur plaisir dans les blessures qu’ils infligent. Il faut les fuir ou si vous en avez les moyens, les abattre, parce qu’en tant qu’être sensible, vous avez des limites que ces gens n’ont pas. »
« J’étais libre de tout héritage, de tout passé, je me sentais maître de mon avenir. »
« Le problème avec les masochistes, il est impossible de leur vouloir du mal sans leur faire du bien. »
« J’avais peu d’attirance pour les livres en général et aucune pour les romans en particulier. Je ne voyais pas l’intérêt, alors que la vie est déjà si riche, de perdre son temps dans cette réalité parallèle. »
Bonjour, votre papier sur Babelio m’a donné envie de musarder sur votre site. Grande logique par rapport à votre nom de scène, mais que de noir !… C’est dommage car cela finit par lasser. La couleur c’est la vie !… Je m’arrête là car je ne me sens pas autorisé à émettre une critique par rapport à vos choix artistiques. Et ce qu’on reproche à Bernard Buffet d’aimer le noir ? Votre passion pour la seconde guerre mondiale que je partage, aurait pu nous donner des points d’accroche. Mais je ne suis guère porté sur les chats… En plus !… Pour le « dernier des nôtres », je suis d’accord sur le fond, mais ce livre n’est pas un écrit historique. C’est juste une belle histoire d’amour ayant des racines dans la guerre. Pour ma part, j’ai aimé car les émotions du coeur sont les plus belles. Et l’amour d’une juive avec un fils de nazi, même si elle est téléphonée, n’en reste pas moins une gageure. Mais il est vrai que je suis un peu fleur bleue… Bonne continuation dans l’écriture.
Bernard, pseudo l’Huitre ( mon plat préféré ou une histoire de perle, tout dépend de l’angle de vue)
Merci, Bernard, pour ce passage qui sera donc éclair d’après votre commentaire! 😀 Dommage de vous priver de mes partages sur la Seconde Guerre Mondiale mais nous nous croiserons donc sur Babelio avec plaisir. Si vous avez musardé sur mon blog, vous aurez constaté que les émotions sont essentielles dans mes appréciations de lecture. Et si je suis d’accord avec vous sur le fait que ce roman n’est pas un écrit historique, je ne le suis pas pour la présence d’émotions. Mais susciter l’émotion est très subjectif donc je ne juge pas. Si l’émotion était née, mon avis aurait été totalement différent car si je suis devenue exigeante sur les romans abordant la Seconde Guerre Mondiale d’un point de vue historique, je suis ouverte à une belle histoire d’amour et cette histoire ne m’a pas touchée du tout. Peut-être à cause de la personnalité de Werner, certainement à cause d’une époque (années hippies) que je n’apprécie pas. Les coups de foudre, même livresques, ne se commandent pas, n’est-ce pas?
Tout comme il est rare de trouver une perle dans une huître, à sa table! Encore merci de votre passage et du sourire inspiré de la lecture de votre commentaire! Comme quoi on peut aimer les chats et le noir, tout en sachant sourire! 😀
Tiens, ça me fait penser que j’ai une blague sur les huîtres et les femmes,… mdr..
Adelaïde de Clermont-Tonnerre avait eu plus que les honneurs dans la grande librairie Filigranes, à Bxl, à tel point que ça en devenait gerbant, tout ces ronds de jambes et tout le monde qui encensait ce roman comme si c’était la 8ème merveille du monde littéraire 😆 Moi, tout ça, ça me fait fuir.
Ton avis éclairé (dans ce noir) me conforte dans mon choix de ne pas lire cette auteure.
PS : moi j’adore toujours les chats, mais pas qu’eux 😉
Honnêtement, je n’ai jamais entendu parler de cet auteur et je suis tombée sur la 4ème de couv’ sur conseil d’un babeliotte! C’est en préparant mon article que j’ai creusé la bio et cela n’a fait qu’alimenter mon avis après lecture! 😮
Ooohhh comme tu es sage, tu ne racontes pas ta blague! 😮 3:) Tu pouvais la raconter, Bernard l’huître a déjà pris la fuite! 😉
Mais si ,mais si, je suis revenu… Pas très fier au vu de la belle faute de grammaire dans ma phrase sur Bernard Buffet. La fatigue sans doute !… Je suis ouvert aux blagues. Les huîtres contiennent rarement des perles, mais les Bernard en sont plus souvent que d’ordinaire . Ravi d’apprendre que vous pouvez sourire et que ce site gothique ne cache pas un esprit morbide de « petite vieille entourée de ses seuls chats ». Bon, j’arrête mes provocs à deux balles…. J’aime pas trop l’esprit critique de Belette face au succès de l’auteur. Encore une fois, elle est née avec sa particule et il ne faut pas la clouer au pilori parce qu’elle est noble et qu’elle a écrit un livre qui suscite l’intérêt de lecteurs. C’est le job des éditeurs de faire de la mousse autour. L’auteur n’est pas nécessairement à l’origine de ces ronds de jambes. Personnellement je n’ai jamais jalousé le succès des autres; je me réjouis pour eux; c’est mérité ou non, mais s’ils gagnent un peu d’argent, grand bien leur fasse… Moi, son livre m’a donné de l’émotion et j’ai adoré les conseils qu’elle donne aux hommes dès les premières pages de son livre pour savoir aborder les femmes ( petites choses dont la rationalité nous échappe parfois ). Bon, j’arrête de foutre le bordel dans votre site aussi respectable qu’un faire-part nécrologique. Et je vous incite à venir vous venger en venant contester le mien ( http://www.calembredaines.fr )… L’huître à perle
Cher Bernard l’Huître,
Les provoc’ à deux balles heureusement ne valent pas grand chose, par définition. Force est de constater que vous ne cessez pas en évoquant un faire-part nécrologique. Je ne m’abaisserai donc pas à citer l’expression « avoir un QI d’huître »… oups, je viens de le faire! 3:)
Il est triste de constater qu’au XXIème siècle, les esprits soient toujours aussi étriqués et soumis aux a priori… Quant à venir me venger sur votre blog, j’ai bien peur d’être éblouie par toutes ces couleurs dont vous vantez les vertus si je me risque au dehors de mon cercueil! Et diantre, quel danger pour ma noirceur de goûter à la futilité de vos calembredaines! Attendez, je consulte mes chats, je regroupe mes corbeaux et je fais chauffer le chaudron (oui car bientôt, je serai estampillée « sorcière ») et je réserve ma réponse…
Juste pour votre information, la dépression, les idées noires et morbides se cachent bien souvent dans les couleurs et les rires un peu trop tonitruants plutôt que dans la sobriété et l’élégance du noir… mais tout est question de point de vue, bien entendu!
Pour en revenir à un sujet purement livresque, ou tout du moins mercantile puisque vous évoquez les choix des maisons d’édition à mettre en avant un nom à particule, je vous signale juste que si une ascendance représente un tel poids, un auteur peut adopter un nom de plume qui l’affranchira d’une telle pression. Ne soyons pas naïfs, les auteurs comme les maisons d’édition savent très bien actionner quelques leviers qui leur assureront une certaine publicité.
D’excellents auteurs ne jouent ni ne bénéficient d’une telle publicité alors que d’autres, moins bons, sont au devant de la scène. Et ce n’est absolument pas de la jalousie qui transpire dans mes propos, ou ceux de mon amie la Belette (mais elle possède suffisamment de verve pour vous le dire elle-même). Ne pas être dupe des opérations marketing ne fait pas de nous des gens envieux. Nous sommes lecteurs et nous apprécions ne pas être pris pour des andouilles! That’s all!
Sur ce, je vais retrouver mes quarante chats, poussivement grâce à mon déambulateur et pourquoi pas… vous lancer un mauvais sort… Brrr…
Bonne soirée!
Bravo, bel humour ! Vous avez du répondant…