
Guillaume Musso – La jeune fille et la nuit (2018)
4ème de couv’…
Un campus prestigieux figé sous la neige.
Trois amis liés par un secret tragique.
Une jeune fille emportée par la nuit.
Côte d’Azur – Hiver 1992
Une nuit glaciale, alors que le campus de son lycée est paralysé par une tempête de neige, Vinca Rockwell, 19 ans, l’une des plus brillantes élèves de classes prépas, s’enfuit avec son professeur de philo avec qui elle entretenait une relation secrète. Pour la jeune fille, « l’amour est tout ou il n’est rien ».
Personne ne la reverra jamais.
Côte d’Azur – Printemps 2017
Autrefois inséparables, Fanny, Thomas et Maxime – les meilleurs amis de Vinca – ne se sont plus parlé depuis la fin de leurs études. Ils se retrouvent lors d’une réunion d’anciens élèves. Vingt-cinq ans plus tôt, dans des circonstances terribles, ils ont tous les trois commis un meurtre et emmuré le cadavre dans le gymnase du lycée. Celui que l’on doit entièrement détruire aujourd’hui pour construire un autre bâtiment.
Mon ressenti de lecture…
Comme d’habitude, le dernier né de Guillaume n’a pas fait de vieux os dans ma PAL! Mais d’ores et déjà, un conseil: ne lisez surtout pas la 4ème de couv’! Elle induit en erreur, en dévoile diablement trop!
Contrairement aux précédents romans, cette fois-ci, nous ne quittons pas la France. Nous sommes dans la région niçoise, à Sophia Antipolis, la plus grande technopole française, à 25 ans d’intervalle.
Et Thomas, auteur exilé aux States, n’aurait pas remis les pieds dans la région pour cette réunion d’anciens élèves si des menaces n’avaient pas été proférées. Certains secrets devraient rester enfouis et d’autres éclairent d’une lumière nouvelle la personnalité de ceux dont on s’est éloignés. Thomas n’est pas au bout de ses surprises et ce retour aux sources risque d’être bien plus bouleversant qu’il ne l’escomptait.
Faire face à ses souvenirs de lycée n’est jamais aisé mais quand le danger rôde, que la vérité endormie depuis 25 ans risque d’exploser en plein jour, qu’une vengeance semble planer sur les têtes des protagonistes du passé, cette confrontation n’est pas sans douleur!
J’ai beaucoup apprécié les portraits de Fanny, Thomas, Maxime, des parents des deux amis qui ont bien plus encore à cacher que leurs fils mais beaucoup moins celui de Vinca Rockwell. Parce qu’elle n’est pas l’ange que Thomas se plaît à aimer, parce qu’elle est fascinante, belle, talentueuse mais manipule, détruit sans vergogne et véhicule une aura malsaine. Elle en a payé le prix, certes, mais cela ne la rend pas plus sympathique pour autant!
Il y a aussi une haine latente au fil des pages pour le petit journaleux en quête du sujet qui le fera sortir du lot, qui ne connaît pas le sens du mot « amitié » et ne reculera devant rien pour écrire le « scoop » du siècle!
Dans les points positifs,j’ai beaucoup aimé les références musicales qui m’ont replongée avec plaisir dans les années 90, of course, ainsi que l’évocation de certains auteurs qui trônent toujours dans ma bibliothèque et les réflexions sur le métier d’écrivain également!
Guillaume Musso parle énormément d’amour dans ce roman, l’amour adolescent aveugle et passionnel, l’amour secret et refoulé de celle qui a su se faire discrète, l’amour inconditionnel d’une mère et d’un père pour un fils qui ne l’aura pas perçu, celui d’amants maudits qui seront liés jusqu’à la mort ou encore les sentiments fantasmés qui vivront éternellement malgré la dureté de la réalité.
Il parle beaucoup d’amour et pourtant c’est son thriller le plus abouti, à mon sens, à ce jour. L’intrigue est rondement menée, avec suspens et rebondissements à la clef, et cette alliance de ses deux aspects rend le lecteur totalement accro à l’histoire. Impossible de lâcher le roman avant le dénouement.
Un bémol? Une opinion politique affichée qui me déplaît car je lis des romans pour le dépaysement et non pour retrouver une actualité qui m’agace fortement. Bon, pour le dépaysement, je repasserai aussi car je connais parfaitement le sud de la France et pour le coup, l’auteur a su très bien mettre en exergue le côté bien bourgeois de la Côte d’Azur et j’avoue avoir eu le sourire à plusieurs reprises tant j’exècre cette région!
En bref et non, pas en images, si les derniers romans de Guillaume me laissaient sur ma faim tout en étant toujours aussi agréables et addictifs, je dois dire que La jeune fille et la nuit est un cran au dessus! J’aime sa plume, les histoires qu’il raconte m’embarque invariablement dès les premières pages et il remplit le contrat d’une lecture détente qui m’isole du monde pendant quelques heures!
Citations…
« Ne nous abaissons pas à fréquenter la médiocrité, car c’est une maladie contagieuse. »
« Le plus souvent, le destin est un salopard pervers et vicieux qui prend son pied en broyant la vie des plus faibles alors que tant de connards mènent une existence longue et heureuse. »
« Si la vie est une guerre, je ne viens pas seulement d’encaisser un assaut. Dans les tranchées de l’existence, je viens de me faire cisailler le ventre à la baÏonnette. Obligé de capituler sans condition dans la plus douloureuse des batailles. »
« Du plus loin que je me souvienne, je m’étais toujours senti seul, vaguement étranger au monde, à son bruit, à sa médiocrité qui vous contaminait comme une maladie contagieuse.
Un moment, je m’étais fait croire que les livres pouvaient me guérir de ce sentiment d’abandon et d’apathie, mais il ne faut pas trop demander aux livres.
Ils vous racontent des histoires, vous font vivre par procuration des bribes d’existence, mais ils ne vous prendront jamais dans leurs bras pour vous consoler lorsque vous avez peur. »
« D’un seul coup, j’ai envie de vivre et d’avancer. Parce qu’il n’y a qu’avec toi que ma vie pourrait être sereine, prometteuse, porteuse de projets, de voyages, de soleil et de rires d’enfants.
Je pressens qu’il existe un chemin étroit vers le bonheur, mais je ne pourrai l’emprunter qu’avec toi.
Je ne sais par quelle magie la souffrance, la boue, la noirceur que je porte en moi depuis l’enfance semblent s’effacer lorsqu’on est ensemble. Mais je sais que sans toi, je serai toujours seule. »
« Je me sens bien. La vie me fait moins peur. Vous pouvez m’attaquer, vous pouvez me juger, vous pouvez me ruiner. J’aurai toujours à portée de main un vieux Bic mâchouillé et un bloc-note froissé. Mes seules armes. A la fois dérisoires et puissantes. Les seules sur lesquelles j’ai toujours pu compter pour m’aider à traverser la Nuit. »
« Parfois, pendant quelques heures, la fiction est vraiment plus forte que la réalité. C’est peut-être le privilège des artistes en général et des romanciers en particulier: être quelquefois capables de gagner leur combat contre le réel. »
« Le roman le plus médiocre a sans doute plus de valeur que la critique qui le dénonce comme tel. »
« Protégez-vous des cons. Dans la lignée des stoïciens, n’oubliez pas que la meilleure manière de vous défendre d’eux, c’est d’éviter de leur ressembler. »
« On ne jure aujourd’hui que par la vérité et la transparence, mais la vérité est rarement ce qu’elle semble être et , dans ce cas précis, elle n’allait apporter ni apaisement, ni travail de deuil, ni véritable justice. La vérité n’allait charrier avec elle que le malheur, la chasse à l’homme et la calomnie. »
« C’est le privilège du romancier, non? Écrire des fictions pour défier la réalité. Pas simplement pour la réparer, mais pour aller la combattre sur son propre terrain. L’ausculter pour mieux la nier. La connaître pour, en toute conscience, lui opposer un monde de substitution. »
« – Je te laisse seule deux minutes pour réfléchir, me dit-elle.
– Je n’ai pas besoin de deux minutes pour faire un choix entre l’enfer et la vie. »
Retrouvez ICI la bibliographie de l’auteur, avec le lien vers mes différents avis!
Des années que je me dis que je devrais tester un Musso et un Lévy, des années que je reporte le truc aux calendes grecques… Un jour, je le ferai !
Héhé, je le sais, tu me le dis à chaque fois! Mais arrête d’associer les deux, c’est pô bien! :p 😀
Tu n’aimes pas Levy ? Tu me conseilles juste Musso ?? 😆
J’ai aimé ces premiers romans mais à un moment donné, l’auteur n’a plus fait son taf, a bâclé ses romans… et je dois bien avouer que j’ai eu le malheur de l’entendre parler et de lire deux de ses interviews et l’homme derrière l’auteur ne me plaît pas du tout! 😮 Donc oui, si tu dois choisir entre les deux, je te conseille 1.000 fois + Musso! Mais ça m’agace qu’on associe toujours ces deux auteurs dans cette guéguerre commerciale et cette impression que l’un ne peut exister sans l’autre. Je veux bien pour le début de leur carrière, écrivant sur le même thème, publiant au même moment… etc mais à un moment donné, l’un a dépassé l’autre et ne cesse de progresser tandis que l’autre ne fait qu’alimenter sa petit gloriole.. à mon sens! 😉
Si tu le dis ! Alors, je me ferai du Musso ! Bon, faut déjà que je lui trouve du temps, que je me décide à le lire, aussi…. dur, dur 😉
Ahah, prends ton temps pour avoir l’esprit ouvert et sourd aux a priori! 😉
Je me boucherai les oreilles avant de lire ! 😀
Ahah! Heureusement que tu n’as besoin que de tes yeux! -_-
Ah oui, pas faux ça !! mdr
Très agréable à lire mais ça reste gentillet en matière de thriller…
Oui, je pensais qu’au fur et à mesure, il forcerait un peu et c’est pour cette raison que je restais sur ma faim avec ces précédents romans. Pour celui-ci, je me suis préparée mentalement à ne pas avoir de telles attentes et ça fonctionne. Mais dommage car je suis certaine qu’il pourrait nous écrire un bon et vrai thriller bien corsé! 😀