
Charlotte Link – Une fille en cavale (2018)
4ème de couv’…
Et si vous aviez pris la mauvaise direction, au mauvais moment?
Simon voudrait fêter tranquillement Noël avec ses deux enfants dans le Sud de la France. Mais rien ne se déroule comme prévu. Les enfants se désistent au dernier moment, son amie le plaque et, lors d’une promenade sur la plage, il fait la rencontre d’une jeune femme désespérée aux allures de SDF: Nathalie, une jeune Française terrifiée qui se croit poursuivie par de dangereux individus.
Pris de compassion, il lui offre son aide, sans se douter que sa générosité va le plonger dans une histoire criminelle dont les ramifications s’étendent jusqu’en Europe de l’Est.
Pendant ce temps-là, en Bulgarie, une famille cherche désespérément à retrouver la trace d’Ivana, partie rejoindre à Paris une mystérieuse agence de mannequinat…
Mon ressenti de lecture…
Nathalie fuit. Elle ne sait pas trop pourquoi mais elle sait qu’il en va de sa survie.
Sélina, elle, sait très bien pourquoi elle doit s’échapper! Mais y arrivera-t-elle?
Un homme, Simon, paumé, allemand en vacances solitaires dans le sud de la France, fuit également… un père méprisant, une compagne intolérante, une ex abusive.
Et quand Simon rencontre Nathalie, il est peut-être temps de stopper sa course…
Entre Bulgarie, Allemagne et France, les fils de leurs histoires vont se rejoindre pour tisser une vérité terrifiante…
Un début de roman brouillon avec d’entrée de jeu, divers lieux et divers personnages. Difficile de se situer pour accrocher à l’intrigue dès les premières pages quand on ne sait pas dans quelle direction se diriger!
Heureusement, peu à peu, le brouillard se dissipe entre les protagonistes, Sélina, Nathalie, Simon, Kristina, Jérôme, Ivana.
Des gens. Tous imparfaits. Une rencontre improbable. Un bon samaritain qui se retrouve embarqué dans une affaire criminelle alors que sa propre existence n’est que chaos et désillusions.
Une intrigue qui prend corps au fil des chapitres sur un rythme nerveux, des morts horribles pour la traque d’un mystérieux Jérôme, sur fond d’états d’âme d’un homme simple, bon mais ballotté par la vie, Simon, et une jeune fille qui n’a pas eu la vie facile et qui a le chic pour tomber sur les mauvaises personnes, Nathalie.
Un imbroglio qui verra son dénouement dans le sang et l’incertitude perdurer pour certains personnages.
Sans être antipathiques, j’ai eu du mal à éprouver quelque empathie pour un Simon un peu trop passif et hésitant, ou pour une Nathalie sur la défensive.
Le personnage de Kristina bouscule un peu le marasme de son compagnon mais avec tellement d’agressivité que ses efforts tombent à plat.
Et les acteurs du trafic mafieux bulgare manquent d’envergure pour réellement créer un climat de peur et d’angoisse, et ce, malgré leur violence expéditive. Leur trafic est le fil conducteur de l’intrigue mais l’auteur reste en surface, ne fait qu’évoquer les clichés que nous connaissons déjà: de jolies filles à qui on promet monts et merveilles à condition de laisser tomber son joli mais pauvre pays de l’Est pour la fortune à l’Ouest mais qui tombent dans la prostitution et l’esclavage à coups de beignes et de viols. C’est terrible, on le sait mais pas grâce au roman. Le lecteur aurait peut-être aimé un peu plus de profondeur dans ce drame pour se sentir davantage impliqué et trembler pour ces filles mais le peu qui nous est dévoilé nous maintient à distance.
Bon une mention spéciale quand l’auteur m’embarque dans le sud de la France, entre La Madrague, Toulon, Hyères ou Les Lecques, endroits que je connais parfaitement et qu’elle décrit très justement, mais qu’elle leur colle une météo bien crade pour échapper au sacro-saint cliché du soleil, de la chaleur, des cigales et de la mer bleue (faut dire que je déteste le sud, donc j’ai adoré ces descriptions qui détonent!).
Ce thriller se veut dense et riche et il l’est par les thèmes abordés, entre trafic d’humains, enquête criminelle, corruption, alcoolisme, pauvreté, traumatismes de l’enfance et chaos familial, mais je n’ai pas été captivée.
Si la lecture est agréable, elle n’est pas transcendante par manque de suspens et laisse un goût d’inachevé, comme le survol d’une destination sans atterrissage…
Dommage, Charlotte Link m’avait habituée à beaucoup mieux…
Citations…
« Certes, ce que la jeune fille voulait avant tout, c’était fuir, survivre, échapper à toute cette folie. Ce pendant, derrière la pure et simple expression de l’instinct de conservation se dissimulait l’envie d’obliger ces gens à rendre des comptes. Un jour peut-être. D’une manière ou d’une autre. »
« Mais il n’y avait qu’une chose qui comptait: vivre. Et saisir l’instant. Ne pas se conformer scrupuleusement à ce qu’on exige de vous pour se rendre compte, à la fin, qu’on est passé à côté de la vie. »
« Simon ne voulut pas avouer qu’il ne savait pas comment on s’y prenait pour enfoncer une porte. Il avait l’impression croissante de s’être trompé de film. Rien dans sa biographie ne l’avait préparé à pareille situation. »
« Je ne veux pas dire que c’est un criminel, mais juste qu’il est potentiellement dangereux dans le sens où son système de valeurs vacille dès qu’il est question de perte ou de gain. »
« On a toujours une idée de ce qu’on aimerait faire, on a toujours des désirs. Sauf que, parfois, ils sont bien enfouis, car on a passé toute sa vie à garder le contrôle, à ne surtout rien dire ou faire qui puisse nous rendre impopulaire. »
« À présent, elle savait que le prince charmant n’existait pas. Ni les princesses, d’ailleurs. Il n’y avait que des êtres humains, dotés de qualités, mais aussi de travers, de faiblesses et de défauts. Et moins ceux-ci étaient visibles, plus elle se méfiait. »
« C’est une chose de troquer son épouse contre une autre femme. C’en est une autre de rayer son enfant d’un trait de plume. »