
Dan Vyleta – Smoke (2018)
4ème de couv’
« Si les particules toxiques qui proviennent d’un air vicié étaient perceptibles à la vue, nous les verrions peser en un épais nuage noir sur ces lieux. Mais si la peste morale qui les accompagne pouvait être rendue perceptible, quelle abominable révélation! »
Charles Dickens, Dombey et fils.
Angleterre, fin du XIXe siècle. À Londres s’entassent les classes laborieuses qui par tous les pores exsudent une infecte Fumée, preuve de leur noirceur intérieure et de leur infériorité. À la campagne vivent les aristocrates, d’une blancheur de lys et qui ne fument jamais, signe de leur vertu et de leur droit à gouverner.
Dans un internat d’élite, Thomas et Charlie, seize ans, s’exercent sans relâche à dompter leurs instincts afin de ne pas fumer. Mais le doute les tenaille: comment se fait-il que l’un de leurs congénères, un vrai petit tyran, soit épargné par la marque du vice? Avec l’aide de la ravissante et très prude Livia, ils enquêtent sur la nature réelle de la Fumée. Et découvrent que l’ordre établi est fondé sur une scandaleuse duperie.
Dès lors, une lutte à mort s’engage entre eux et la police politique. C’est la guerre de la passion contre la raison, du désir contre la bienséance, du droit contre l’injustice – même si leurs frontières sont souvent imprécises.
Mon ressenti de lecture…
Et si de la noirceur de votre âme émanait une fumée pour bien vous stigmatiser et vous tenir à l’écart de toute pureté.
Du postulat simple que la blancheur supérieure appartient à l’aristocratie et le noir vice aux masses laborieuses des campagnes, Thomas et Charlie s’interrogent et avec l’aide de Livia, vont essayer de bouleverser l’Ordre établi.
Nous sommes au XIXème siècle, à Londres. Déjà célèbre pour son fog, nous voici en présence de cette Fumée étrange qui épargne certains malgré les furieux doutes sur leur angélisme vertueux.
Ce roman est un petit pavé de presque 600 pages. En toute honnêteté, j’ai eu du mal à le terminer et tout autant de mal à écrire mon avis que je laisse traîner depuis plusieurs semaines en espérant, en vain, une illumination!
Pour tout dire, je ne sais toujours pas si j’ai aimé ou pas.
Un Dickens dystopique, pourrait-on dire de ce conte. J’aime la dystopie, en général. J’ai lu Dickens, il y a fort longtemps. Et l’osmose entre ces deux genres a été maladroite avec un déséquilibre entre de longues, très longues descriptions ennuyeuses et l’action.
Pourtant les trois amis sont des personnages intéressants et sympathiques. Thomas est révolté, toujours en colère, alors que Charlie est plus calme, confiant et posé. Livia est parfois agaçante par son côté un trop lisse et « angélique ».
Pourtant l’univers créé par l’auteur est original et passionnant.
Bousculer un ordre établi quand celui-ci repose sur des mensonges et des manipulations exacerbe mon côté rebelle. Laisser libre court à un esprit critique de la part de jeunes gens qui se refuse à suivre les règles sans les remettre en question est un concept qui se perd de nos jours donc j’ai apprécié le voir abordé dans ce roman.
Et les notions du bien et du mal sont extrêmement bien exposées et suscite de grandes réflexions.
La satire sociale avec la lutte des classes et l’exercice du pouvoir est un sujet certes classique mais toujours efficace.
Mais…
Mais…
La magie n’a pas opérée!
Roman dense, des points de vue différents parfois pour une même scène, des chemins de traverse, des culs de sac ou de changements de direction, je me suis perdue dans le brouillard vicié!
Surtout avec cette fin qui me laisse dubitative…
J’ai aimé l’idée de base, les thèmes abordés mais je n’ai pas été happée par la manière de les traiter et de mener l’intrigue. Trop ceci, trop peu cela, c’est très rare chez moi mais je ne suis pas arrivée à mettre d’accord avec moi-même (chuuut tais-toi, toi!) pour vous donner un avis tranché!
Donc je vous passe le bébé et j’attends vos avis!
Citations…
« Quand il bouge les bras, le tissu amidonné fait du bruit, quelque chose entre un bruissement et un claquement, suivant la vitesse de ses gestes. Même la propreté peut être audible. On peut entendre à quel point elle est propre. Et, par extension, lui. »
« Mère soutient que je suis obsédée. Qu’au lieu de chasser la Fumée, j’en ai fait mon idole. En réalité, je suis reconnaissante à la Fumée. Elle nous signale quand nous errons. Imaginez un monde où nous errerions à l’insu de tous. Nous-mêmes compris. Jusqu’à ce qu’on se laisse aller , peu à peu, et qu’on glisse dans la folie de l’infamie. La Fumée dévore notre raison à l’aide d’une cuillère de charbon de bois. Nous mesurons notre humanité à sa noirceur. Il est bon que celle-ci laisse une marque. »
Ah merde alors… le postulat de départ me faisait baver, mais là, je me suis calmée… Je passe 🙂
Je ne suis pas totalement négative quand même… :p
Nom, mais malgré tout je passe mon tour !