Une femme que j’aimais – Armel Job

Armel Job - Une femme que j'aimais (2018)

Armel Job – Une femme que j’aimais (2018)

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4ème de couv’…

Chaque week-end, Claude, jeune homme au tempérament solitaire et à la vie un peu terne, rend visite à la seule personne qu’il aime rencontrer, sa tante Adrienne, qui habite une belle villa à la campagne.
Adrienne a cinquante-cinq ans, elle est veuve, elle ne sort pratiquement jamais de chez elle.
Mais sa douceur, sa beauté fascinent Claude, comme tous les hommes qui ont un jour croisé son regard.

Un samedi, Adrienne évoque un secret qui depuis toujours pèse sur son cœur.
Elle voudrait le confier à Claude, qui refuse de l’entendre.

Quelques semaines plus tard, il la trouve gisant sur le carrelage de la villa, morte. Accident? Meurtre?…
Alors, seulement, Claude se met en quête de la confidence qu’il n’avait pas voulu recevoir. Cette quête va le mener sur les traces du passé d’Adrienne, chaque rencontre lui suggérant une réponse que remet en question la suivante…

Sur un rythme de thriller psychologique qui entraîne le lecteur de fausse piste en fausse piste jusqu’à la révélation finale, un magnifique portrait de femme où Armel Job explore avec le talent qu’on lui connaît les paradoxes de l’âme humaine, de la dévotion à la haine.

Mon ressenti de lecture…

Très attachée à sa tante Adrienne, Claude avait l’habitude d’aller boire un café chez elle, le samedi. Mais un jour, c’est un cadavre qui l’accueille. Et là, le jeune homme se reproche d’avoir repousser les confidences d’Adrienne. On croit toujours avoir le temps, n’est-ce pas?
Alors commence pour lui une incursion laborieuse dans le passé de cette femme qu’il aimait, au risque de la descendre du piédestal sur lequel il l’a toujours placée… ou pas…

Tout d’abord, je m’insurge… ce n’est pas un thriller psychologique du tout! La recherche du passé d’Adrienne n’est pas motivée par un quelconque doute sur le décès de celle-ci mais bien portée par l’intérêt romantique.
Ce n’est qu’au cours de ses recherches que Claude est amené à se poser des questions sur les circonstances de cette mort.

Ce roman part du principe que nous ne nous intéressons à nos aînés, au sein de nos familles, que tardivement. Quand nous sommes jeunes, notre regard est dirigé vers l’avenir et nos parents ne sont souvent que des entités tutélaires dont nous cherchons plus souvent à nous affranchir. Et bien trop souvent, la jeunesse et le vécu de nos aïeux restent un mystère. Mais parfois les secrets resurgissent…

Tel Le Petit Poucet, Claude cherche et suit les petits cailloux blancs qui le mèneront au cœur du passé de sa tante Adrienne. Et à chaque découverte, son imagination débordante réécrit le scénario de la jeunesse de cette femme qu’il aimait. C’en est une obsession.

Ce roman est tendre et touchant, mélancolique car on découvre une vie de souffrances et de secret de celle qui n’est plus et qui n’aura guère connu de bonheur.
C’est également le reflet d’une autre époque, celle où les femmes n’avaient guère de choix et de latitude de mouvement et dont le chemin était pavé d’obstacles pour celles qui bravaient la bienséance de ces années à la morale étriquée et sexiste.
C’est un roman sur la famille, les non-dits, les secrets, les jalousies et l’amour, comme le désamour et l’indifférence également.
C’est une chronique familiale agréable à lire, menée par une plume délicate, parfois poétique, parfois beaucoup plus corrosive.
C’est un magnifique portrait d’une femme tourmentée, prisonnière d’un choix qui n’était pas vraiment le sien, et qui a pleuré toute sa vie un amour fauché en pleine jeunesse.

Ce roman sur le secret me laisse tout de même un goût amer. Comment le détenteur d’un secret peut-il s’arroger le droit de le dévoiler à celle qui en souffrira et le taire à celle qui pourrait y trouver paix et sérénité? Le secret a-t-il des droits à rester secret ou la vérité n’est-elle pas nécessaire pour remettre les choses à leur juste place? C’est un dilemme et je n’ai pas trouvé la réponse…

Citations…

« Les photos figent les gens, elles les épinglent comme des papillons dans les cases d’un tiroir entomologique. Le papillon n’était papillon qu’en vol. »

« Dans les années cinquante, évidemment, l’amour, ce n’était pas la même chanson qu’aujourd’hui. Surtout pour les filles. On les élevait comme des canaris: belles plumes, beau ramage, petites cabrioles, mais à l’intérieur de la cage. Pas question de franchir les barreaux. Celles qui crochetaient la serrure, on ne le leur pardonnait pas. Elles se couvraient de honte. Même si, ensuite, on a envoyé toutes ces cages à la ferraille, celles qui s’en étaient échappées avant l’heure n’ont jamais pu retrouver bonne conscience. L’opprobre d’un jour, c’est comme une marque au fer rouge, ça ne s’efface pas. »

« Il y a des histoires qu’on préfère ne pas entendre. Je le comprends tout à fait. À quoi bon remuer le passé, dévoiler ce qui a été si soigneusement occulté, rouvrir les plaies? La vérité a ses droits, mais le secret n’a-t-il pas les siens? Ceux qui ont caché ce qu’ils nous ont caché étaient peut-être plus sages que nous qui prétendons tout déballer. »

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