Sans elle – Amélie Antoine & Avec elle – Solène Bakowski

Sans elle & Avec elle

Sans elle – Amélie Antoine & Avec elle – Solène Bakowski (2017)

blognote 4

4ème de couv’…

Il était une fois une famille heureuse et unie.
Des jumelles de six ans qui se ressemblaient comme deux gouttes d’eau..
Des enfants fusionnelles qui grandissaient ensemble et s’adoraient.

Sans elle:
Jusqu’à un soir de feu d’artifice où l’une d’elle se volatilise brutalement.

Il était une fois deux fillettes inséparables.
Jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une.
Il était une fois une histoire qui n’a rien d’un conte de fées.

« On ne sait jamais ce qui se passe au sein d’un foyer, derrière les murs d’une maison semblable à des dizaines d’autres. On ne connaît jamais l’intimité, les secrets, les travers d’une famille que tous pourraient jurer ordinaire, ordinaire à pleurer. Un pompier respecté de ses collègues, une coiffeuse efficace et appréciée de sa clientèle, deux gosses adorables, une maison avec un jardin et une balançoire, tout ça, c’est seulement la façade, la surface, la partie émergée de l’iceberg. »

Avec elle:
Avant de se jalouser et s’empoisonner.

Il était une fois deux fillettes inséparables.
Pour le meilleur, ou pour le pire?
Il était une fois une histoire qui n’a rien d’un conte de fées.

« Alors, voilà: Coline est solide, Jessica moins; Coline répare quand Jessica détricote; Coline pardonne quand Jessica commet.
Elles sont deux. Et le couple des parents peut bien s’écrouler, à elles deux, elles ont de quoi s’abriter. C’est sûrement une chance… »

Mon ressenti de lecture…

Une initiative originale et intéressante que ces deux romans, Avec elle et Sans elle, respectivement de Solène Bakowski et d’Amélie Antoine.

En effet, les personnages, les lieux et la structure familiale de départ sont identiques mais un événement ou un non événement lors d’un feu d’artifice du 14 Juillet tracera des destins bien différents pour la famille de Coline et Jessica.

Thierry et Patricia sont les heureux parents de Jessica et de Coline, jumelles de 6 ans.

Ces romans ont pour thème la gémellité et la difficulté de se construire en tant qu’individu face à sa jumelle. Ils abordent également le regard que nous portons sur ces duos atypiques et le rôle des parents dans leur éducation.
Les deux auteurs ont également choisi de traiter de l’usure du couple, indépendamment du fait qu’ils sont parents de ces belles jumelles.

Les deux romans sont d’une qualité égale. Je me suis autant régalée avec l’un qu’avec l’autre. On peut penser que Sans elle, avec la disparition d’une des deux petites filles, porte une charge émotionnelle plus puissante mais il n’en est rien car le drame est autre mais tout aussi tragique dans la situation des deux petites filles qui grandissent ensemble.

Coline est un personnage fascinant. Elle coalise tous les doutes, les tourments et les hésitations de la petite fille qui ne donne pas la préférence à sa propre personnalité. J’ai eu envie de la secouer par moment et de lui dire « fais ta vie, ne laisse personne t’empêcher de tracer ta destinée ». Mais si l’enfer, c’est les autres, c’est avant tout soi-même. Elle est le parfait exemple du jeune arbre soumis à la violence des éléments et qui ne peut pousser droit. Elle se préoccupe de sa jumelle, de sa mère, et un peu moins de son père mais elle s’oublie… et se perd…
Cette petite fille m’a beaucoup émue par la maturité qu’elle est obligée de maîtriser, par le poids de la responsabilité des fautes des autres, par cet amour-haine qui la submerge et qui ne prend que tardivement conscience des dangers sur sa route.

Autant j’ai aimé Coline et ressenti sa souffrance, autant j’ai détesté sa mère, Patricia. Dans les deux cas de figure, l’une ne rattrape pas l’autre. Je suis femme et maman… et lire l’histoire de Patricia m’a juste donné des bouffées de colère et des envies de meurtre. Parce qu’elle marque sa préférence entre ses deux filles, parce qu’elle en oublie l’une ou la méprise. Parce qu’elle n’a aucune capacité d’écoute, aucune attention réelle pour ces jeunes enfants qui ont besoin de se construire sereinement. C’est une femme dépassée par son rôle maternel et commet erreur sur erreur. Et, à aucun moment, elle ne fait son mea culpa, elle s’enfonce dans petit prisme égotique.

Le seul petit bémol de cette expérience livresque est peut-être le rôle paternel un peu effacé dans les deux romans. Dans les deux cas, Thierry donne l’impression de prendre la tangente, d’une manière différente dans l’un comme dans l’autre roman, et d’avoir cette capacité toute masculine à se reconstruire loin de son foyer originel. Mais comme cela rejoint ce que j’ai pu observer autour de moi, je ne peux guère en vouloir à Amélie Antoine et Solène Bakowki d’avoir versé en ce sens!

Par contre, une question restera sûrement sans réponse, Solène Bakowski et Amélie Antoine se sont-elles concertées au cours de l’écriture de leur roman ou ont-elles confronté leur choix in fine?
De toute manière, le résultat est génial et aucune excuse: les deux romans sont totalement différents et peuvent se lire indépendamment l’un de l’autre!

Citations…

« Dans l’ombre. Dans l’ombre. Toujours et à jamais. Dans l’ombre jusqu’à la fin, du collège, de l’enfance. Jusqu’à la fin des temps.
Bouffée de jalousie et, pourtant, anéantie à l’idée, à la seule idée, de perdre ne serait-ce qu’un bout de l’affection de sa jumelle. La haine et l’incommensurable amour comme deux rives opposées du fleuve de son ambivalence. » (Avec elle)

« Mais ce n’est pas la vie qu’ils se sont construite, ce n’est évidemment pas leur couple qui est en cause, rien à voir avec leur amour, puisqu’ils s’aiment, que leur foyer est sûr, que le bateau de leur ménage est insubmersible et qu’il est inconcevable, pour Thierry au moins, qu’il ne puisse plus être l’homme de la vie de son épouse. » (Avec elle)

« (…) Thierry égraine les excuses dont il essaie de se convaincre en même temps qu’il les énonce. » (Avec elle)

« Les souvenirs sont des choses précieuses, aussi imprévisibles et étincelantes qu’une étoile filante. Pourquoi tel ou tel moment reste-t-il à jamais gravé dans la mémoire de quelqu’un? Pourquoi d’autres s’effacent-ils au fil du temps, malgré le souhait qu’on pourrait avoir de ne pas les perdre? » (Sans elle)

« La plupart des êtres humains prennent conscience de la faillibilité de leurs parents à l’adolescence, voire à l’âge adulte. Pour Coline, c’est à six ans qu’elle cesse de croire en des parents surpuissants, qu’elle cesse de croire en son évidente immortalité, qu’elle perd irréversiblement ce sentiment de sécurité inné qui l’enveloppait depuis sa naissance. » (Sans elle)

« On ne sait jamais ce qui se passe au sein d’un foyer, derrière les murs d’une maison semblable à des dizaines d’autres. On ne connaît jamais l’intimité, les secrets, les travers d’une famille que tous pourraient jurer ordinaire, ordinaire à pleurer. » (Sans elle)

« Elle ne trouve rien pour la rassurer, aucune possibilité réconfortante, sa tête est trop remplie d’images sombres, violentes, intolérables, trop remplie d’un monde impitoyable où il ne se produit que rarement de jolies choses. » (Sans elle)

« En un claquement de doigts, tout peut chavirer, irréversiblement? En un claquement de doigts, tout peut chavirer, irréversiblement. » (Sans elle)

Blog Note 4

5 réflexions au sujet de « Sans elle – Amélie Antoine & Avec elle – Solène Bakowski »

  1. Je pourrai te dire « une fois de plus tu me tentes avec tes livres » Mais non !!!! Pourquoi ? Bah je les ai déjà et je vais me faire un plaisir de les lire :p
    Bonne fin de journée Karine, des bisesssss et bon week-end

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