
Emmanuelle Pirotte – Today we live (2015)
4ème de couv’…
Une rencontre improbable…
Décembre 1944. C’est la contre-offensive allemande dans les Ardennes belges. Pris de panique, un curé confie Renée, une petite fille juive de 7 ans, à deux soldats américains.
Ce sont en fait des SS infiltrés, chargés de désorganiser les troupes alliées.
Les deux nazis décident d’exécuter la fillette.
Au moment de tirer, Mathias, troublé par le regard de l’enfant, tue l’autre soldat.
Commence dès lors une cavale, où ils verront le pire, et parfois le meilleur, d’une humanité soumise à l’instinct de survie.
Mon ressenti de lecture…
Cela fait quelques jours que j’ai terminé ce roman et je reste dubitative.
Je préfère considérer ce roman comme un conte car trop d’invraisemblances s’agitent au fil des pages.
C’est une rencontre plus qu’improbable que l’auteur nous décrit et elle aurait été plus crédible si le nazi avait été un soldat lambda car nous savons très bien que la totalité des allemands n’adhéraient pas à l’idéologie de leur chef et que beaucoup ont très mal vécu cette guerre et les horreurs perpétrées sous le régime nazi.
Hors ici, Mathias est une machine de guerre, engagée dans une élite tueuse, le symbole dans toute sa cruauté du parfait petit nazillon lobotomisé. Il prend plaisir à tuer, n’a aucun d’état d’âme et d’un coup, il a une illumination d’humanité devant une gamine qui bouffe de la neige avant d’être exécutée?
Si le combat intérieur de cet homme est décrit, le lecteur a du mal à accepter ce « miracle »!
Renée est une petite fille juive de sept ans. Sept ans et pourtant une maîtrise de ses nerfs que tout vieux sage lui envierait. Là aussi j’y ai vu un symbole: le symbole de la tragédie juive dans son ensemble, des enfants dont on a coupé les ailes au mieux, dont on a fauché la vie le plus souvent, dont les survivants sont ressortis de la guerre marqués et traumatisés à vie, des enfants obligés de grandir très vite, trop vite. Traumatisme de tout un peuple qui est passé dans les générations d’après (tout comme la culpabilité des allemands portant encore le poids assassin de leurs aînés) mais autant de maturité chez une petite fille de sept ans apparaît étrange.
Alors oui, ce coup de foudre entre ce tueur allemand et cette petite juive est mignon et plein de bons sentiments mais totalement inimaginable.
L’auteur a peut-être voulu glisser du symbolisme entre ses pages mais sans finesse et par conséquent, je n’ai pas adhéré à l’histoire. Trop ambitieux, à mon sens. Bien entendu, on identifie les messages que l’auteur a certainement voulu transmettre: que personne n’est blanc ou noir, bon ou mauvais, que les mêmes sentiments sont présent en chaque individu, américains, allemands, français, homme ou femme… etc… Mais ces messages s’intègrent peu dans ce joli conte de fées…
Une lecture rapide, sans la puissance des romans historiques auxquels je suis habituée et que j’oublierai donc très vite. Dommage car la plume de l’auteur est pourtant de qualité!
PS: Je rejoins donc l’avis publié sur Au fil des livres, un blog très sympa, qui m’a donné envie glisser ce roman dans mon « programme » de lecture!
Citations…
« L’enfant était calme, si calme, et pourtant tendue comme un arc bandé, prête à agir, à réagir, à faire exactement ce qu’il fallait, comme toujours. »
« Les convictions idéologiques , la haine raciale , le sens de l’obéissance appris à coups de badine et de bottes dans le cul, la passion démentielle pour le führer et la foi en la victoire , tout cela s’effritait d’un coup , à cause d’ une petite chose, complètement anodine, à peine entrevue, mais, qui, une fois remisée dans un espace obscur de la mémoire, ressurgit un jour et vous explose à la gueule comme une bombe. »
« Cette enfant lui insufflait une force, un élan vital, un goût de l’existence nouveau qui le galvanisaient et l’asservissaient plus intensément que tout ce qu’il croyait être les moteurs de son existence: la transe du combat, l’imminence du danger, la passion du risque, et la peur de la mort. »
« Renée se protégeait très efficacement de l’arbitraire de l’existence et de l’inconstance des hommes en vivant le moment présent intensément, comme si c’était le dernier. »
« C’était d’une logique implacable, en réalité: pour que le jeu soit parfait, c’est-à-dire équilibré, il fallait que les bons et les méchants existent en miroir les uns des autres. Les nazis rêvaient de bannir les Juifs de la surface de la Terre, mais l’anéantissement du peuple juif entraînerait ipso facto celui des nazis, puisqu’une des principales raisons d’être du nazisme était précisément l’extermination des Juifs. Le pur nazi ne se définit que par son contraire et sa négation, le Juif. Sans lui, il retourne au néant. C’était vertigineux, mais cela avait sans doute le mérite d’expliquer pourquoi on avait choisi une chose aussi moche, douloureuse et infamante que le tatouage d’un numéro sous le bras comme signe d’appartenance à la crème de la société, comme à sa lie. »
Merci pour cette critique . Je vais donc passer mon tour . J’ai décidé de m’attarder à des livres dont la chance de les apprécier soient au maximun . Et comme nous avons presque les mêmes goûts en matière de lecture , j’attendrai un ressenti qui me plaira .
Tu fais bien! Je suis en train de terminer Ceux qui te mentent de Nuala Ellwood, dans un style différent, et qui en passe d’être mon chouchou du mois! Alors je t’en reparle! 😉