
Lee Child – Folie furieuse (2006)
4ème de couv’..
Un lieu public d’une petite ville de l’Indiana.
Un homme armé est retranché dans un parking.
Puis soudain, c’est la panique.
Des coups de feu retentissent, tuant cinq personnes.
Mais dans sa précipitation, le sniper laisse des traces qui permettent à la police de l’appréhender rapidement.
L’interrogatoire du tireur fou, du nom de James Barr, ne donne rien, et les propos qu’il tient à son avocat restent énigmatiques: « Faites venir Jack Reacher ».
Aux yeux de tous, il constitue le coupable idéal.
Seule sa sœur, Rosemary, est persuadée de son innocence.
Elle retrouve le fameux Jack Reacher et le convainc d’enquêter sur son frère.
Mais plus Reacher avance, plus les preuves s’assemblent pour mener à certaines conclusions… le concernant!
Mon ressenti de lecture…
Huitième volet des aventures de Jack Reacher sur les vingt-deux à ce jour (oui, 22, on est à la bourre de 3 romans non encore traduits, sans compter quelques nouvelles qui se baladent au-delà de l’Atlantique!).
Et c’est toujours une joie de le retrouver!
Cette fois-ci, ce n’est pas le danger qui court après Jack, mais lui qui se précipite sur les lieux d’une fusillade.
Et non, il ne vient pas défendre un ancien soldat, James Barr, coupable très vite désigné après le drame.
Il a un compte à régler. Il n’a pas pu le coincer pour des faits similaires il y a une quinzaine d’années au Koweït mais cette fois, Jack Reacher fera tout pour qu’il paye pour ses crimes.
Mais les choses ne sont pas si simples. Pourquoi Barr l’a réclamé lors d’un interrogatoire? Et l’instinct de Jack lui souffle que toutes les pièces à charge sont un peu trop parfaites. Instinct renforcé quand on essaye de lui tendre un piège et les limites sont dépassées quand un meurtre est commis…
Plus que tout, c’est la vérité qui intéresse Jack Reacher…
Comme d’habitude, juste le rappel de qui est Jack Reacher: ancien de la Police Militaire américaine, mesure plus d’un mètre quatre vingt dix, blond aux yeux bleus, avec toute la rigueur d’une vie passée dans l’armée et une conception pure de la justice, telle que la loi ne peut pas forcément l’appliquer, tout en muscles mais pas mal aussi dans le crâne. Il a quitté l’armée car elle ne pouvait plus rien lui apporter et depuis, il vadrouille au gré de ses envies. Mais il semble être un aimant à problèmes… sûrement à cause de la jalousie que sa liberté suscite… allez savoir! L’esprit vif et les muscles affûtés, Jack Reacher est un loup solitaire peu prolixe, se contentant d’un confort spartiate, qui intériorise énormément mais… faut pas le chercher!
Difficile d’être originale d’un avis sur l’autre pour certains aspects des romans de Lee Child car l’auteur a trouvé une recette livresque idéale et il l’applique systématiquement: de l’action, de la précision presque maniaque dans la description des armes et scènes de combat, stratégie et rigueur toute militaire, entr’autres choses.
Cette recette est à chaque fois savoureuse et je ne m’en lasse pas. Un Lee Child est une valeur sûre!
Pourquoi aucune lassitude? Parce qu’on voyage à travers les States au gré des errances de Jack Reacher (beaucoup plus rarement à l’extérieur des frontières!), parce que l’intrigue est toujours différente avec des protagonistes évidemment et logiquement nouveaux, et que le passé de Jack est égrené parcimonieusement au fil des tomes.
Jack Reacher semble être un personnage froid et lisse mais il n’en est rien. Il est carré dans sa tête, droit dans ses bottes, dépouillé de toutes contraintes, mais sa vie tumultueuse nous dévoile ses coups de cœur, ses combats et ses blessures.
Dans cet opus, Jack Reacher a dû composer avec des intérêts supérieurs qui lui ont imposé le silence mais il n’a pas oublié Koweït City, dans les années 90, juste après les opérations de Bouclier du désert et Tempête du désert. James Barr, tireur d’élite, est passé au travers des mailles du filet de la police militaire car le blason américain ne devait en aucun cas être terni. Jack a respecté les ordres. Mais il y a eu des morts, et ça, Jack Reacher ne peut l’oublier.
Le sujet de l’obéissance aux ordres, obéissance aveugle ou de raison, est un sujet qui revient souvent quand l’armée entre en jeu mais cela dépasse bien souvent le cadre militaire pour déborder dans les domaines de la vie civile. Composer avec sa conscience ou courber l’échine. Lee Child n’apporte pas de réponse idéale mais j’aime à le voir dénoncer en toute lucidité les travers de notre société.
Dans Folie furieuse se pose la question de la science et des preuves matérielles d’un crime. Si les enquêteurs ont des techniques de plus en plus pointues pour identifier et arrêter des coupables, il faut bien être lucide et se dire que les progrès ne sont jamais à sens unique ou exclusifs et que les malfrats de tout poil possèdent également ces nouvelles techniques pour déjouer ces mêmes enquêteurs.
Heureusement que tout ce qui fait intervenir l’être humain est imparfait.
Mais il faut des personnes pugnaces et intelligentes comme Jack Reacher pour franchir le rideau des apparences un peu trop limpides pour trouver la vérité et ne pas grossir le chiffre des erreurs judiciaires.
Le portrait de l’avocate, Helen Rodin, opposée à son père, le procureur, est très intéressant car c’est la nouvelle génération qui doit faire ses armes dans un domaine difficile, sans immédiatement écorner son idéalisme mais avec l’obligation tout de même de gagner sa vie, face à celui dont la carrière est déjà bien assise, voire tassée, et dont on peut douter de l’honnêteté par moments.
J’avoue avoir eu des doutes sur le procureur jusqu’à la fin et, pour le coup, l’auteur m’a bien baladée cette fois-ci!
Au cours de l’enquête de Reacher, j’ai beaucoup aimé cette incursion dans la mafia russe, avec les évocations des tortures infligées dans les goulags et la manière dont les hommes sont amenés à survivre. Tout autant que les malversations, la concurrence et les dessous de table dans le domaine de la construction, quand gros sous flirtent avec politique et pressions.
Encore une fois, j’ai accompagné Reacher avec grand plaisir dans son aventure mais là, il m’a abandonné, « en route pour n’importe où ailleurs avant la tombée de la nuit »!
Citations…
« Je ne suis pas un criminel. Un criminel, c’est quelqu’un qui a été condamné après un procès. Pas plus que je ne suis un fugitif. Je n’ai été ni arrêté ni accusé. Je suis un suspect., tout au plus. »
« (…) Faudrait être dingue pour payer son parking avant de descendre cinq personnes.
– Quand on descend cinq personnes, c’est qu’on est dingue. »
« Pour intéresser les médias, un criminel devrait être en fuite, errant à la recherche d’un abri, traqué, menaçant. Les journalistes avaient besoin de faire peur, de donner à leurs lecteurs l’impression que leur petite vie quotidienne était menacée, qu’ils vivaient dangereusement, même quand ils allaient chercher de l’essence, faisaient leurs courses ou se rendaient à la messe. »
« Elle n’avait pas menti. Même pas bluffé. Pourtant, elle avait joué le jeu. Car c’était cela, le droit: un jeu de stratégie où la composante psychologique occupait une place prépondérante. »
« Ce n’est pas parce qu’on est juriste qu’on n’enfreint pas la loi. »
« On n’a jamais d’alibi quand on en a besoin. C’est une loi universelle de la nature. »
« Linsky avant été soldat et voleur. En Europe de l’Ouest ou en Amérique, il aurait passé quelques années en prison, deux ans ici, trois ans par là mais, en Union soviétique, le vol constituait une transgression idéologique prouvant une préférence inculte et antisociale pour la propriété privée. À laquelle on répondait promptement par un retrait définitif de la société civilisée. »
« Les gens qui s’engagent dans la vie militaire peuvent être divisés en quatre groupes, poursuivit-il. D’abord, ceux pour qui, comme moi, c’est une tradition familiale. Ensuite, les patriotes qui veulent servir leur pays. Troisièmement, ceux qui y trouvent un métier comme un autre. Enfin, ceux qui ont envie de tuer d’autres gens. Il n’y a que dans l’armée qu’ils pourront le faire légalement. James Barr faisait partie du quatrième groupe. Il s’imaginait que ce serait amusant de tuer. »
« Dans sa tête se formaient déjà les mots-clefs de son annonce: tireur isolé, cibles touchées au hasard, carnage. Superbe, ce dernier mot. Carnage. Il suscitait aussitôt des images de fatalité, de gratuité, de sauvagerie, de férocité. Expression impersonnelle, insensible. Exactement le terme qu’il fallait. Pourtant, elle savait qu’il ne fonctionnerait pas en bandeau sous les images. Massacre serait préférable. Massacre vendredi soir? Massacre à l’heure de pointe? »
« Les psy n’aimaient rien tant que répondre à des questions par d’autres questions. Sans doute le leur avait-on enseigné, dès le premier jour de leur spécialisation. »
Et retrouvez sur le blog: la bibliographie du Môssieur et mes précédents avis!
(liens ci-dessous!)
– Du fond de l’abîme
– Les caves de la Maison Blanche
– Des gages pour l’enfer
– Un visiteur pour Ophélie
– Carmen à mort
– Pas droit à l’erreur
– Ne pardonne jamais
– Sans douceur excessive
– La faute à pas de chance
– Elle savait…
– Mission confidentielle: Les origines du mystère Reacher
– Coup de chaud sur la ville
– Jack Reacher Never go back
– La cible était française
Le chouchou Jack Reacher !
Viiii, c’est mon chouchou, je me régale à chaque fois! 😀
Je n’avais pas remarqué, tiens… 😀
Alors c’est parce que je ne suis pas assez dans le style « fan hystéro »! 😮 Je vais sortir les banderoles et les feux d’artifice! -_-
Oui, montre un peu plus ton amour de Reacher !!
Okidoki, je commence le gonflage des ballons à l’hélium… tu sais, les gros, rouge en forme de coeur! 😀
Ok, souffle bien !
Je suis verte là! :p
Je te voyais rouge, moi…
Rouge, c’était la première étape, sous l’effort! Vert c’est quand je suis au bord de l’asphyxie! 3:)
Ah pardon, je m’étais trompée ! 😛
Mdr! 😉