Pas un mot – Brad Parks

Brad Parks - Pas un mot (2017)

Brad Parks – Pas un mot (2017)

4ème de couv’…

Le juge Scott Sampson s’apprête à aller chercher ses enfants à l’école.
Et à plonger en plein cauchemar.

Il reçoit un message anodin de sa femme adorée, Alison: elle ira récupérer les jumeaux pour les emmener chez le médecin.
Alison rentre à la maison.
Seule.

Elle n’a jamais envoyé ce texto.

Le téléphone sonne.

Les enfants ont été enlevés.

Les ravisseurs n’exigent pas de rançon, mais des verdicts sur commande: si le juge n’obéit pas à leurs demandes, les petits le payeront très cher.

Et évidemment: « Pas un mot! »

C’est le début d’un calvaire où chantage, mensonge et paranoïa feront vivre l’enfer à ces parents prêts à tout pour récupérer leurs enfants, quels que soient les dangers, les sacrifices et les compromissions.

Mon ressenti de lecture…

Quand une 4ème de couv’ parle d’enlèvement d’enfants, là, tout de suite, je sais qu’il va y avoir de l’émotion. Et le talent d’un auteur est de transcrire ces émotions de manière juste et incisive et de ne pas tomber dans un pathos larmoyant et voyeuriste.

Défi parfaitement relevé par Brad Parks dans ce thriller juridique. Car oui, les enfants du juge Scott Sampson ont été enlevés mais le mobile réside dans le règlement d’une affaire judiciaire ou comment faire pencher la balance de Dame Justice vers le plateau le plus… lucratif! Et qu’importe l’opinion du juge, il doit juste obéir.

Un thriller juridique peut vite devenir soporifique pour la lourdeur du fonctionnement des arcanes judiciaires et la complexité des affaires, ou plutôt la complexité des interactions des différents domaines d’expertise juridiques.
Mais là encore, l’auteur a échappé au piège en exposant les rouages du procès de manière simple et limpide. Ce qui n’était pas gagné car le droit des brevets est parfois difficile d’approche. Ici, il s’agit de recherche médicale ou quand la détermination du propriétaire d’une découverte engage énormément de profits pour celui qui saura l’exploiter. L’auteur glisse tout de même une pointe de cynisme car un médicament destiné à sauver des milliers de vies ne s’appréhende que par le profit matériel, sonnant et trébuchant, qu’il peut rapporter.
En apportant la démonstration qu’aux États Unis la Justice est intimement liée à la vie politique dans son mode d’élection, il aborde aussi un aspect que nous ne connaissons pas en France: l’élection de certains représentants de la Loi. Qui dit politique dit gros sous et lutte d’influence et dans ce cas, les hommes en robe ont parfois bien du mal à respecter une éthique irréprochable.

Mais dans ce roman, l’éthique professionnelle guidée ou détournée par les enjeux politiques sont le cadet des soucis du juge Scott Sampson.
Juge, il est mais c’est avant tout un père.
Et se voir enlever ses enfants sans garantie de les revoir un jour est d’une violence inouïe pour un parent. Et qu’importe la nature de la demande des ravisseurs, il est prêt à tout pour récupérer ses enfants, en violant même les valeurs de sa conscience.

L’auteur a su très justement décrire les sentiments qui agitent un parent devant un tel cas de figure. Il n’a pas choisi la simplicité en ciblant un père quand l’homme est généralement plus réservé sur l’expression de ses sentiments qu’une mère. L’impuissance qui est sienne est intolérable, tout comme ne pas savoir ce qui est infligé à ses enfants ni même l’issue de cette épreuve. Outre la pression qui pèse sur ses épaules, la parano et les doutes grandissent jusqu’au brin de folie. Jusqu’à douter de sa femme.

Brad Parks prend le temps d’analyser les relations familiales et conjugales qui construisent cet homme et qui se révèlent aussi fragiles que du cristal quand l’instinct de survie prend le pas dans l’urgence et la peur. L’homme est un animal qui retrouve ses réflexes de préservation quand il se sent en danger ou acculé, Scott en est un parfait exemple.

Et le lecteur est entraîné dans cette folie et cette parano au fil des pistes, des culs-de-sac, des rebondissements. J’ai douté, j’ai cogité, j’ai été aux côtés de Scott pendant ces longs jours de peur, dans ses efforts surhumains pour donner le change à ceux qui ignorent sa situation, jusqu’au final explosif qui, vous le verrez, donne une large place au rôle déterminant de la mère des enfants! Mais je n’en dis pas davantage!

J’ai beaucoup aimé ce thriller bien dosé entre suspens, psychologie des personnages, aspect judiciaire d’une affaire et émotions. Bien dosé, cohérent dans une intrigue complexe juste ce qu’il faut et dense, à l’issue certes spectaculaire mais inattendue, une plume agréable, incisive et efficace!

C’est donc un auteur à suivre pour ma part!

Citations…

« La servilité constante me dérange.
Malgré tout, cela fait partie du job.
Que cela me plaise ou non, je représente le pouvoir.
Que cela me plaise ou non, j’ai le pouvoir.
Ou plutôt, je l’avais. »

« Je comprenais maintenant que c’était faux. Et la sécurité, un mythe, un vaste mensonge que nous nous racontons pour masquer la triste réalité du genre humain: que le contrat social est écrit dans le sable, pas dans la pierre, et qu’il peut être balayé à chaque instant par n’importe qui avec un peu de souffle. »

« Un bon législateur doit être en mesure de changer de point de vue, de prendre en considération les attentes d’autres individus et être enclin au compromis. Un juge doit savoir prendre une décision et s’y tenir. »

« S’ils m’avaient demandé d’apparaître nu comme un ver à l’audience, je me serais exécuté. J’étais un pantin, victime d’une main invisible tirant des ficelles qui l’étaient tout autant. »

« Lorsque vous devenez parent, vous renoncez au droit de démissionner. »

« On finit tous par savoir que la vie est un cadeau, pas une garantie, et que la fin est la même pour tous. Cette épiphanie, cependant, on l’épargne aux enfants de CP. »

« La presse est comme un parasite: plus vous la nourrissez, plus vous lui ouvrez l’appétit et plus elle grossit. Le seul moyen de s’en débarrasser, c’est de l’affamer. »

« Regarder ses enfants dormir est vraiment une joie pour un père. Et si je passai un moment à savourer sa sérénité, c’était dans le but d’en absorber un peu moi-même. »

« Rapidement, un lever de soleil orangé m’indiqua qu’il était temps de bouger et de faire comme si une partie de mon âme n’était pas en train de lentement se consumer. »

« Puis vint ce que je savais être désormais la gamme complète de mon nouveau spectre émotionnel.
Le désespoir, suivi d’un sentiment d’impuissance absolu, rapidement remplacé par la rage, puis le chagrin, puis la haine, puis l’angoisse, puis de nouveau la rage, puis …
Je suis certain qu’il n’y a pas de mots pour décrire ce que ressent un père à qui l’on inflige le spectacle des sévices subis par son enfant sans pouvoir y mettre fin. »

Note: 4/5

Blog Note 4

 

 

 

9 réflexions au sujet de « Pas un mot – Brad Parks »

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