
Candice Fox – Archer & Bennett T1 – Hadès (2017)
4ème de couv’…
Frank Benett, flic quadra expérimenté, rejoint la brigade criminelle de Sydney.
Il fait la connaissance d’Eden, sa coéquipière désignée, sous l’œil malveillant de son frère et collègue Eric qui prend la nouvelle recrue de haut.
Leur première enquête débute aussitôt: des corps démembrés auxquels il manque des organes ont été découverts dans une marina.
Grâce à une liste officieuse de demandeurs, Frank et Eden mettent au jour un trafic, orchestré par un seul homme, invisible et méthodique.
Mais Frank est distrait par les doutes qu’il nourrit au sujet d’Eden et Eric.
À quoi correspond la liste de noms raturés qu’il a trouvée dans le portefeuille d’Eden? Pourquoi a-t-elle une photo d’Hadès, la légende du crime qu’on surnomme le Seigneur des Bas-Fonds?
Frank a mis le doigt dans un engrenage malsain et dangereux dont il va bientôt comprendre toute l’ampleur…
Mon ressenti de lecture…
« On ne naît pas tueur. On le devient. »
Petite phrase accrocheuse sur la couv’. Vous êtes prévenus! Ressortez vos cours de philo et révisez les notions d’inné et d’acquis et zou, c’est parti!
Hadès est le seigneur des Bas-Fonds, règne sur une immense décharge, est très discret tout comme son homonyme grec est le souverain des Enfers, gouverne sous la terre et ne se mêle que très peu des affaires des autres. Tous deux ont en commun les morts également, même si aucune preuve peut faire tomber notre personnage dans les mailles de la police et ce, depuis des décades entières!
Quand on sait que ses enfants, Eden et Eric, sont flics, il y a quand même de quoi se poser nombre de questions! Une aura de danger les enveloppe et ce n’est pas Frank Bennett, nouveau coéquipier d’Eden, qui dira le contraire alors qu’une enquête démarre avec la découverte de corps mutilés.
C’est un premier roman pour cet auteur australien et Candice Fox est ambitieuse car c’est aussi le premier tome d’une trilogie!
Une réussite à mon sens car elle dépoussière les poncifs du polar avec une nouvelle définition du flic potentiellement pourri et trouble davantage encore la frontière entre les bons et les méchants.
L’histoire d’Eden et Eric est atypique et passionnante. Leur parcours interpelle et suscite la curiosité au fil des pages. La relation entre le frère et la sœur, entre la fratrie et Hadès, est particulière, brute, bourrue et sensible à la fois, tout en non-dit. Si la personnalité de l’un ne laisse place à aucun mystère et augure par avance de son destin, il n’en est pas de même pour les autres pour lesquels un attachement naît, malgré leur nature et leur froideur.
Cette famille originale pose LA grande question de l’inné et de l’acquit suggérée en tête d’article. La naissance s’annonce-t-elle avec un bagage de mal et de bien ou est-ce en avançant dans la vie que le mal survient au détriment du bien? Je ramasse les copies à la fin de votre lecture!
Si l’analyse psychologique de l’être humain qui deviendra celui qui donne la mort est fortement orientée dans ce roman, l’auteur pose également une autre grande question philosophique: qui a le droit de vivre et de mourir? Qui peut décider de qui a le droit de vivre ou de mourir? Quel costume revêt le mal?
L’intrigue policière met à jour un trafic d’organes effroyable orchestré par un individu qui a un sens moral des plus particuliers, alimenté par d’autres qui veulent absolument vivre, même si cela signifie la mort d’autres personnes qui n’ont rien demandé ou quand l’argent est là pour acheter la vie.
Sauver sa vie, c’est aussi les efforts désespérés que Martina, victime de ce trafic, va déployer pour survivre. Un portrait magistral d’une femme de tête, bien plus seule que sa vie sociale ne le laisse présager, et qui ébranlera bien des murs dans ce roman.
J’ai adoré ce roman. Pas pour l’intrigue policière qui n’est guère complexe mais pour toutes ces questions existentielles que nous sommes tous posées au moins une fois dans notre existence! De quoi serions-nous capables pour nous venger d’un lourd et profond traumatisme, jusqu’où serions-nous capables d’aller pour sauver notre peau?
J’ai adoré ce roman pour la psychologie et la personnalité de chacun: pour le jeu auquel chacun se livre, pour les joutes verbales entre des coqs dressés sur leurs ergots ou les regards froids et inexpressifs de tueurs, ou pour l’ambiance anxiogène d’un commissariat où les rivalités se tissent.
Avec une mention spéciale pour Hadès, cet homme mystérieux, bourru, froid et rigide. Avec lui, c’est la parentalité que l’auteur aborde avec justesse. La difficulté d’éduquer un enfant, l’incapacité à le modeler comme on le souhaiterait, le devoir d’accepter sa nature même cruelle, la nécessité de le conformer au monde extérieur.
Un seul bémol toutefois: un manque de subtilité et de nuances qui provoque un enchaînement un peu trop rapide et un certain manque de profondeur dans l’évolution des sentiments et des émotions de Frank, qui apparaît comme un feu follet au milieu de personnages davantage maîtrisés et constants comme peut l’être Eden. Une Eden qui garde encore tout son mystère!
Quelques petites maladresses qui, j’espère, seront corrigées avec le prochain tome que je m’empresse de poser sur ma table de chevet car je suis très curieuse d’en connaître davantage sur Hadès et Eden!
Citations…
« Sans lui, elle paraissait plus fragile. Plus petite. Pourtant quelque chose de nouveau, quelque chose qui vacillait encore dans la lumière du jour osait se frayer un chemin hors d’elle. Il me suffisait de voir ses yeux pour comprendre qu’une partie d’elle détestait son frère. Mais elle ne savait pas vivre sans lui. »
« Les gens se soucient des autres tant que c’est socialement approprié (…). Ils aiment, ils haïssent, ils partagent et ils culpabilisent aussi longtemps qu’ils sont censés le faire, et pas une seconde de plus. Vous pouvez appuyer sur l’interrupteur quand vous voulez. »
« Dans la lueur bleutée de l’aube, Martina comprit qu’elle ne pouvait compter sur personne pour la chercher, pour la trouver, pour la sauver. Si elle survivait, ce serait grâce à ses propres efforts. »
« Hadès était tombé amoureux de deux chimères, de deux monstres déguisés, incapables de ressentir la même chose que lui, de lui rendre son affection. »
« J’étais d’une humeur de dogue (…). Le genre d’humeur où le simple fait de devoir remuer les lèvres pour marmonner un bonjour à quelqu’un suffit à vous mettre en rogne. »
« De grands yeux et des lèvres pleines, un air perpétuellement interrogateur – l’air de se demander si elle ne devrait pas se lever et quitter cette existence, refermer la porte sur la personne qu’elle était et disparaître. Un pied dans la vie et l’autre au dehors. »
« Les flics deviennent insensibles. C’est une histoire vieille comme le monde. Les gens trop exposés à la mort et à la cruauté cessent de croire à la bonté fondamentale de l’être humain et toutes ces conneries qu’on lit sur les cartes de vœux, et ils finissent par considérer la dépravation et le meurtre comme la norme de notre condition. »
« On n’arrive jamais à les attraper tous. Le mal est pareil à une maladie contagieuse. Vous le respirez. Vous le contractez parce que vous avez une existence difficile ou qu’on vous a blessé. Il naît du besoin, et nous avons tous des besoins. (…) Il est impossible de punir tous les gens qui font du mal en ce monde. On n’irait jamais plus loin que soi-même. »
« Mais si j’ai appris une choses pendant toutes ces années passées à jouer les inspecteurs, c’est que le narcissisme et la mégalomanie nécessaires pour torturer, mutiler et tuer d’autres êtres humains sur une longue période empêchent les psychopathes de se conformer aux règles normales de comportement. (…) Les méchants n’aiment pas qu’on leur dise qu’ils ne peuvent pas ou ne devraient pas faire quelque chose qu’ils ont envie de faire parce que ce serait mauvais pour eux. »
Note: 5/5
5 chats ! la vache, ça me donne envie alors que je l’avais zappé !
Il n’est pas parfait mais des vilains avec une véritable psyché et des bons côtés, ça change des bons dépressifs et portés sur la bibine! -_-
En effet, ça change ! 😉
Et tu as mon avis sur le 2 avant la fin du WE! 3:)
Mais arrêtes !!!! 😆
Bin… NON! :p
Bin… SI !!! 😀
Je ne t’écoute pas, je ne suis obéissante devant la pression! 😀
La pression, je ne l’aime que dans ma bière !
Oh je suis bien d’accord avec toi! 😀
héhéhéhé
😀 Tchin!