
Lee Child – Pas droit à l’erreur (2004)
4ème de couv’…
Jack Reacher, ancien officier de police militaire en rupture de ban, est démarché par une séduisante responsable des Services secrets pour une bien curieuse mission: il s’agit ni plus ni moins que d’assassiner le vice-président des Etats-Unis qu’elle est précisément censée protéger!
Derrière cette mission parfaitement officielle se cache cependant un piège qu’il ne va pas tarder à découvrir.
Mais le piège en question en cache un autre qui lui-même en cache un autre.
Jusqu’à quel point les dés sont-ils pipés? Qui manipule qui?
Heureusement qu’outre sa dextérité, Reacher possède un sens certain de la déduction. Lui qui ne rêve que de secret et de solitude va se trouver au cœur de la trépidante capitale fédérale, à dénouer les fils d’une des affaires les plus embrouillées de sa vie.
Mais aussi à se débattre avec quelques souvenirs de famille, à remuer un passé douloureux, à retrouver quelques amis…
Décidément, un Jack Reacher au cœur d’une situation qu’il n’avait pas prévue et dont il ne rêve évidemment que de sortir au plus vite.
Mon ressenti de lecture…
Quarante États en cinq ans. C’est dire que Jack Reacher a la bougeotte! Et des aventures à foison à raconter par son auteur, Lee Child. Pas droit à l’erreur est le sixième volet de la série.
Comme d’habitude, pour ceux qui ne connaissent pas encore le personnage, un petit portrait vite fait, bien fait, que je ressors à chaque article! Oui, je me plagie, que voulez-vous!
Jack, ancien de la Police Militaire, mesure plus d’un mètre quatre vingt dix, blond aux yeux bleus, avec toute la rigueur d’une vie passée dans l’armée et une conception pure de la justice, telle que la loi ne peut pas forcément l’appliquer, tout en muscles. Il a quitté l’armée car elle ne pouvait plus rien lui apporter et depuis, il vadrouille au gré de ses envies. Mais il semble être un aimant à problèmes… sûrement à cause de la jalousie que sa liberté suscite… allez savoir! L’esprit vif et les muscles affûtés, Jack Reacher est un loup solitaire peu prolixe, se contentant d’un confort spartiate mais… faut pas le chercher!
Présentation faite ou refaite, revenons à nos moutons!
Washington.
M.E Froelich, nouvellement promue, est chargée de la protection du vice-président des États-Unis. La passation de pouvoir n’est pas encore réalisée mais c’est un personnage en vue et, par conséquent, susceptible d’être victime d’attaques.
Quelque chose lui pose problème et elle décide de faire appel à Jack Reacher. Jack est un ancien militaire, sans aucun rapport avec les Services Secrets alors pourquoi lui?
Parce que notre bon vieux Jack est encore victime de son succès! En effet, M.E est l’ancienne petite amie de son grand frère, Joe (voir Du fond de l’abîme), qui a suggéré son nom, bien des années auparavant, à propos de méthodes peu orthodoxes…
C’est alors l’occasion pour notre baroudeur de troquer jean et t-shirt pour une chemise blanche et un costume, non? Ce n’est pas tous les jours qu’on peut approcher le vice-président des States, non?
Mission d’autant plus à risques que M.E ne laisse pas Jack indifférent…
Pas droit à l’erreur est une plongée dans les Services Secrets, notamment la protection des hommes politiques de premier plan aux États Unis. Autant dire de suite que ce roman est sous haute tension à chaque page.
Tension mais pas action.
Suivre sans cesse, encadrer le moindre déplacement, être à l’affût du moindre individu bizarre, se préparer à tout danger est usant pour les nerfs quand le danger potentiel n’est pas identifié. Et peut paraître ennuyeux pour le lecteur.
De plus Jack Reacher ne joue pas un rôle de premier plan, il est obligé de se soumettre à un certain protocole, de faire équipe, de suivre certains ordres.
Dans ce roman, il affronte le fantôme de Joe, son passé, ses relations familiales. Il y est confronté à chaque instant, a fortiori quand Froelich ne cesse de comparer les deux frères.
Reacher retrouve également une ancienne collègue du temps de sa vie militaire, Neagley, qui apporte son soutien dans la mission de Reacher. Une occasion pour l’auteur de comparer les méthodes d’investigation de l’armée et des autres services, tels le FBI ou les Services Secrets, et d’étoffer le passé de son personnage.
Donc moins d’action. Et davantage de données sur ces fameux services chargés de la sécurité d’un pays au travers des personnes, sur leur mode de fonctionnement mais aussi leurs dysfonctionnements qui peuvent entraîner des catastrophes à cause d’ego mal placé ou de la guerre des sexes. La compétition entre ces acronymes est intéressante et explique certains scandales et drames qui entachent l’histoire des États Unis.
Le rôle d’un vice-président aux États Unis est également finement analysé au fil de l’intrigue. Le lecteur apprendra ainsi certains rouages politiques et électoraux dans un autre pays que la France et que la fonction du vice-président ne se limite pas à occuper la première place dans la lignée successorale présidentielle.
L’intrigue est prenante malgré sa lenteur, pour peu que le lecteur se mette à la place de ces êtres humains qui risquent leur vie pour en sauver d’autres. Mais ne cherchez pas de la castagne et le déluge de balles. Cette fois-ci, le combat est ailleurs: dans la terreur instillée, la peur omniprésente, l’anticipation jamais parfaite du danger.
Le manque d’action est compensée par la tension mais aussi par ce que nous apprenons de Joey, et par la même, de Jack. Jack est un taiseux, on le sait. Par conséquent, lorsqu’il s’épanche davantage, c’est d’autant plus précieux. Et toujours dans une émotion un peu brute et bourrue.
Lecture captivante, moins trépidante que d’habitude mais preuve est faite que Jack Reacher est capable de laisser ses poings au fond de ses poches. Et puis avouez qu’un Reacher en costard, ça change!
Citations…
« Il repensa au conseil d’un ancien pote de l’armée: un bon manteau c’est comme un bon avocat. Ça protège les fesses. »
« Il vaut mieux savoir où on en est que d’espérer que tout aille bien. »
« Je peux faire ce que je veux. Les présidents ont tendance à donner beaucoup d’autorité aux gens censés les garder en vie.
Silence dans la salle. »
« Un policier se base sur un sens d’inadéquation. Qu’est-ce qui ne colle pas? Qu’est-ce qui sort de l’ordinaire? Quel est le visage, quel est le véhicule qui n’a rien à faire dans ce quartier? Impossible de répondre à ces questions sans une longue habitude des lieux. »
« Reacher le dépassait de cinq années, de dix centimètres et de vingt-cinq kilos mais se sentait petit, triste et miteux à côté de lui. En même temps ce type paraissait parfaitement réel. »
« Tu connais un meilleur moyen d’exercer une pression sur quelqu’un que d’enlever ses enfants? »
« Mais la plupart n’y cherchaient rien d’autre que cohésion, confiance, loyauté et camaraderie; ils cherchaient ces frères et sœurs, ces parents qu’ils n’avaient pas trouvés ailleurs. »
« Alors Reacher tenta de vaincre le temps en bougeant plus vite que l’affreuse lenteur de la panique générale allait le lui permettre. »
« (…) ils ont dépassé tellement de bornes qu’on ne les compte plus. »
« Vous savez, tout est relatif, rien n’est désespéré. On s’habitue. Mais maintenant, je ne sais plus. Je ne sais pas comment je vais pouvoir surmonter une journée pareille. Je ne suis vivant que parce qu’une autre personne est morte. »
« — Tu crois qu’ils sont doués? demanda-t-il.
Neagley eut une moue d’ignorance:
— Ils sont toujours pires ou meilleurs qu’on ne l’imagine. »
Note: 4/5
Et retrouvez sur le blog: la bibliographie du Môssieur et mes précédents avis!
(liens ci-dessous!)
– Du fond de l’abîme
– Les caves de la Maison Blanche
– Des gages pour l’enfer
– Un visiteur pour Ophélie
– Pas droit à l’erreur
– Sans douceur excessive
– La faute à pas de chance
– Elle savait…
– Mission confidentielle: Les origines du mystère Reacher
– Coup de chaud sur la ville
– Jack Reacher Never go back
Les pièges en poupées russes !! Je ne m’en souviens pas non plus de celui-là… mémoire de merde ou trop de lectures 🙂
Je crois qu’on oublie facilement, ou plus facilement, les lectures récréatives. Seuls les romans « coup de poing » nous hantent, non? 😉 Allez va, je te pardonne! :p 😉
Je pense que tu as raison !
Hey, ça fait du bien d’avoir raison! 😀 :p
hihihihi