
Mary Kubica – L’inconnue du quai (2016)
4ème de couv’…
La générosité a souvent deux visages.
Celui qu’on voit et l’autre, trouble.
La première fois que je l’aperçois, elle se tient sur le quai bondé de la gare de Fullerton, à Chicago.
Il fait un froid à vous glacer les os, il pleut à verse.
Elle serre un bébé dans ses bras. Rien ne les abrite.
Quelques jours plus tard, elle est de nouveau là.
Aussi fragile.
Cette fois, je l’aborde/vais lui parler.
Sans trop savoir pourquoi.
Ni où tout cela va me mener…
Hantée par l’image de cette jeune sans-abri et de son bébé, Heidi néglige l’avis de son mari et l’hostilité de sa fille: elle ouvre sa maison à l’inconnue du quai.
Qui est vraiment Willow? Mutique, vulnérable, a-t-elle quelque chose à voir avec l’inquiétante Willow Greer, dont le compte Twitter est plein de conseils macabres sur le suicide?
Peu à peu, la présence de l’inconnue dans la maison agit comme un révélateur des fissures familiales…
Mon ressenti de lecture…
J’ai adoré Une fille parfaite alors j’enchaîne! Pourquoi s’arrêter en si bon chemin, hein?!?
Bingo, la magie opère de nouveau!
Heidi mène une existence ordinaire, entre une fille, Zoé, qui déteste tout et tout le monde (normal, c’est une jeune ado!) et un mari souvent absent pour son travail. Elle travaille, Heidi. Au sein d’une organisation, elle aide les déshérités, les réfugiés, les laissés pour compte.
Et quand elle croise à plusieurs reprises une très jeune fille, Willow, portant un bébé, Ruby, seules toutes deux sous cette satanée pluie qui ne cesse jamais, visiblement sans abri et sans moyens, elle n’écoute que son bon cœur et lui offre aide, nourriture, soins et un toit.
Au grand dam de Zoé et de son mari, Chris.
Mais accueillir une étrangère n’est jamais sans risque, non?
Tout comme accepter d’être aidée par une inconnue, non?
C’est une intrigue machiavélique qui s’installe progressivement, comme le lait sur le feu, tout en nuances et doigté. Quand nos yeux et nos soupçons se braquent sur une personne, l’auteur a d’autres projets pour nous bousculer et vous surprendre avec le lait qui déborde…
Car il s’agit bien de cela, une situation qui doucement empire pour au final, ne plus être contrôlable!
Nous retrouvons les ingrédients utilisés dans Une fille parfaite, à savoir un roman à trois voix (Heidi, Willow et Chris) avec une analyse psychologique poussée des personnages principaux. Une analyse qui nourrit le suspense en égrenant peu à peu certaines pensées, certaines réminiscences du passé, certains traumatismes enfouis. Enfouis mais apparemment pas suffisamment profondément pour certain(e)s!
De nouveau, Mary Kubica nous parle des relations humaines et de l’évolution de chacun au cours de sa vie, ou quand les blessures du passé mal cicatrisées se gangrènent en une pathologie qui peut devenir grave… très grave!
L’usure du couple, le mal d’enfant, la maternité, le décès d’un parent, l’amour que l’on porte à un frère ou un sœur sont les sujets abordés avec délicatesse. Mais avec davantage de douceur encore sont évoqués le silence et le traumatisme de l’abandon, de la violence, du viol et de la pédophilie.
Les personnages sont agaçants, effrayants ou, comme Willow, touchants.
Nous sommes dans le psycho-drame mais pas dans le pathos ou la mièvrerie.
Chris est un mari lassé d’un couple embourbé dans ses habitudes et sa routine, tenté par un joli minois et les incessantes occasions offertes par les déplacements professionnels. Un petit démon du midi se perche sur son épaule gauche quand l’ange de droite le retiendra peut-être dans les filets du mariage…
Zoé est une jeune ado en pleine rébellion. Envers tout et tous, tellement habituée à avoir sa mère sous le coude, qu’elle ne la voit plus vraiment. L’arrivée de Willow et de Ruby créé un séisme pour tous… voir sa mère aussi attentionnée avec elles rend Zoé terriblement jalouse…
Et Heidi, terriblement éprouvée par le décès pourtant déjà ancien de son père et sa stérilité imposée par un cancer, n’assume pas très bien le rejet de sa fille, vit dans l’angoisse de voir son mari succomber à la vile tentatrice qui travaille à ses côtés. Alors elle reporte son attention sur Willow et Ruby.
Nous l’aurons compris, Willow est le catalyseur ou le révélateur dans une chambre noire des failles de la famille Wood. Mais c’est aussi un mystère. Est-elle réellement en détresse et trouvera-t-elle la solution en la personne de Heidi?
Je suis frustrée car je ne peux en dire davantage sans spoiler… Alors vous savez ce qu’il vous reste à faire?
Deuxième lecture de Mary Kubica et, même si les ficelles de construction du récit sont similaires à ceux utilisées dans Une fille parfaite, deuxième très bon ressenti. Le dénouement pour un des personnages est peut-être trop beau mais j’aime bien aussi, de temps en temps, quand la roue tourne dans le bon sens, histoire de garder foi en l’humanité!
Citations…
« Une pluie qui dégringole du ciel, ici, là et partout, accompagnée d’un vent violent et impétueux. Sale temps pour les brushings. »
« Je vous aime comme une abeille aime le miel. Je vous aime comme le beurre de cacahuète aime la confiture. Je vous aime comme un poisson aime l’eau. »
« Elle me fait l’effet d’une illusion d’optique, un peu comme le fameux vase de Rubin, une double perception de l’image — soit deux profils, face à face, soit le vase lui-même entre eux. Les deux représentations alternent devant vos yeux selon la façon dont vous le regardez. Profils, vase. Profils, vase. Une jeune femme forte et indépendante avec un bébé, une jeune fille sans défense qui aime le chocolat chaud et la crème fouettée. »
Note: 4/5
Retrouvez mon avis sur Une fille parfaite de Mary Kubica ICI.
Ma vengeance sera TERRIIIIIIIIIIBLE !!!!!
Ooohhh ouiii, je sens bien ta fureur là! 😀