Une fille parfaite – Mary Kubica

Mary Kubica - Une fille parfaite (2015)

Mary Kubica – Une fille parfaite (2015)

4ème de couv’…

« Je la suis depuis plusieurs jours. Je sais où elle fait ses courses, où elle travaille. Je ne connais pas la couleur de ses yeux ni comment est son regard quand elle a peur. Mais je le saurai bientôt. »

Incapable de dire non au séduisant et énigmatique inconnu qu’elle vient de rencontrer dans un bar, Mia Dennett accepte de le suivre jusqu’à chez lui.

Sans savoir qu’elle vient de commettre une grave erreur.

Et que rien, jamais, ne sera plus comme avant.

 

 

Mon ressenti de lecture…

J’avais la dame dans ma PAL depuis un moment et la réception de son petit dernier m’a motivée pour enfin la découvrir… avec son premier né!

Une jeune femme est enlevée. Mia. Papa Mia est juge. Maman Mia est femme au foyer. Une famille aisée, connue, réputée. L’enlèvement est à la une de tous les journaux et c’est l’inspecteur Gabe Hoffman qui est chargé de l’enquête.
Mia en sortira-t-elle vivante et indemne?

Un coup de cœur que ce premier roman!

C’est davantage un roman à suspense qu’un polar, malgré l’enquête policière menée par un des personnages principaux.
Le suspense ne réside pas dans l’issue du rapt car le lecteur la connaît très vite.
Non.
Le suspense est l’ignorance dans le déroulement des événements. Le lecteur est curieux, il veut savoir comment on en est arrivé là. Parce que d’une jeune femme dynamique et indépendante, Mia est devenue vulnérable, fragile, mutique et amnésique. D’ailleurs il n’y a plus de Mia, il y a Chloé.

L’auteur a énormément travaillé la psychologie de ses personnages.
Il n’est pas aisé de donner du rythme à un roman psychologique, a fortiori quand il est question de séquestration. Les changements sont progressifs, au fil d’un temps qui s’écoule lentement. Mais le but n’est pas de ronfler au bout de quelques pages de lancinantes réflexions métaphysiques sur son être et son devenir, blablabla… ou d’assister passivement à la descente aux enfers d’une victime.
Le but est d’entrer dans l’intimité des personnages, de déclencher l’empathie, de s’attacher à eux… ou pas! Mais surtout, ne pas les quitter d’une semelle, ne pas les perdre en route pour savoir si leur destination est enfin atteinte, si leur horizon est devenu lumineux… ou pas!

Et pour ce faire, l’auteur utilise une construction de texte nerveuse en multipliant les points de vue et les données temporelles.
Le « pendant » et l' »après » enlèvement se mêlent, pour se rejoindre au point crucial du dénouement.
Et c’est un roman à trois voix: Eve, la mère, Gabe, l’enquêteur, et Colin, le kidnappeur. Mia/Chloé ne viendra apporter sa touche qu’à la toute fin du roman.

Et si la disparition de Mia est au centre des attentions, nous allons énormément parler de l’amour, de la parentalité, de la construction de l’adulte que nous devenons, du couple.

Par la voix de Eve, la mère, nous allons comprendre le contexte familial auquel Mia a voulu échapper tout au long de sa vie. Nous allons passer derrière le rideau des apparences de l’opulence pour voir comment un couple se délite, comment, au sein d’une fratrie, les enfants ne grandissent pas de la même manière. comment l’éducation, l’attention et l’affection peuvent être tout aussi destructeur que libérateur. Eve sortira-t-elle de sa léthargie pour ouvrir les yeux? Un regard tout neuf sur son époux et ses filles, mais avant tout sur elle-même?

Par la voix de Colin, la relation avec la mère est aussi subtilement amenée. Et s’il n’est pas question d’opulence matérielle, c’est la relation humaine étroite qui prévaut et l’amour maternel qui guide l’adulte que Colin est devenu. Ses choix n’ont guère été heureux mais est-il trop tard pour redresser la barre?

Par celle de Gabe, l’enquêteur, le lecteur prend un peu de recul. Parce que Gabe essaye de comprendre tous les aspects de son enquête, étudient la personnalité des uns et des autres pour éclaircir la situation et s’orienter vers un coupable. Même c’est un individu avant tout, avec son propre vécu, son passé et ses blessures, qui lui permet, par son prisme de valeur d’appréhender bien des problèmes. Mais ne va-t-il pas y laisser des plumes au passage?

Au-delà des relations conjugales ou familiales, l’auteur nous parle de toute relation humaine, de solitude et de rencontre de deux âmes qui se reconnaissent pour que leurs cœurs s’unissent. L’amour improbable ou le grand, qu’importe.
C’est touchant, émouvant, bouleversant, sans jamais tomber dans la mièvrerie et sans un grand Happy End qui serait apparu incohérent et totalement farfelu.

Ses personnages hurlent en silence leurs douleurs et leurs manques. Ce cri trouve écho en nous. Et le mélange des genres allié avec une construction du récit énergique fonctionne merveilleusement. Pour un premier roman, c’est une réussite. Je ne l’ai pas lâché!

Citations…

« Je me demande qui est cette femme sans énergie dont le visage m’est familier, mais dont je ne reconnais ni le langage du corps, ni le son de la voix, ni le silence pesant qui l’enveloppe comme une bulle. »

« (…) Tu n’as même pas regardé.
— J’ai regardé.
— Ce n’est pas vrai. Je sais reconnaître l’indifférence. Je l’ai eue en face de moi toute ma vie. »

« James se doit de maintenir son image. Bien qu’il ne l’admette jamais, il a toujours été en compétition avec ses frères: qui est le plus influent, le plus puissant, le plus important (…) »

« La plupart des gens s’imaginent que la peur engendre deux réactions naturelles: fuir ou se battre. Mais il existe une troisième réaction dans une situation difficile: se pétrifier. Comme une biche prise dans le faisceau des phares. Faire le mort. »

« Mais au fond de moi, je me rends compte qu’elle a dû avoir une enfance terriblement solitaire. Au point de regretter de ne pas être une fille morte qu’elle ne connaissait même pas. La situation n’était pas brillante pour maman et moi, mais au moins nous n’étions pas seuls. »

« Les adolescents se croient invincibles – rien de mal ne peut leur arriver. Ce n’est que beaucoup plus tard qu’ils prennent conscience que de mauvaises choses peuvent effectivement se produire. Les gamins parfaits, sans défauts, sont ceux qui m’inquiètent le plus. »

« Je connais le poids des regards dédaigneux, des yeux qui glissent sur vous sans même vous voir. Je connais les intonations méprisantes dans une voix. Je connais les effets de la trahison ou des désillusions,quand quelqu’un qui pourrait vous offrir le monde rechigne à vous en accorder même une miette. »

« Ce n’est pas Mia qui choisit, c’est son subconscient ou son inconscient ou quelque chose comme cela. Il repousse les souvenirs douloureux pour les mettre hors d’atteinte. Ce n’est pas une décision qu’elle a prise. C’est le moyen qu’a choisi son corps pour l’aider à affronter cette épreuve, à supporter tout cela. »

« Un jour, je lui ai demandé pourquoi elle aimait autant dessiner, ce que cela lui apportait. Et elle m’a répondu que c’était la seule façon pour elle de changer les choses. En quelques coups de crayon, elle pouvait transformer un canard en cygne ou un jour brumeux en une belle journée ensoleillée. C’était un endroit où la réalité cessait de s’imposer. »

Note: 4/5

Blog Note 4

 

12 réflexions au sujet de « Une fille parfaite – Mary Kubica »

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