
Dominique Colas – Lénine (2017)
4ème de couv’…
« La révolution, c’est la lutte des classes la plus âpre, la plus furieuse, la plus désespérée. Et aussi la guerre civile. »
Lénine, octobre 1917
Lénine n’était ni un aventurier avide de pouvoir ni un tyran capricieux.
Un seul but motivait cet intellectuel fanatique et habile tacticien: le bonheur de l’humanité grâce à la révolution communiste étendue au monde entier.
Elle nécessitait des sacrifices: la lutte des classes sans pitié et le nettoyage de la terre russe.
La dictature s’imposa donc, par la guerre, par la terreur, par l’épuration.
Mais il est une autre arme dont Lénine s’empara pour instaurer la première dictature d’un parti-État: les mots.
S’il a lu et annoté Clausewitz, Marx et Engels, il a écrit des milliers de pages – théorisation, propagande, mots d’ordre – qui constituent les archives fondamentales de la révolution russe. Elles sont au cœur de la biographie politique que livre Dominique Colas, restituant l’originalité radicale du bolchévisme.
Du coup d’État révolutionnaire d’octobre 1917 à la guerre civile, de la tentative d’invasion de la Pologne aux effets du léninisme en France, de l’électrification à la famine, l’auteur fait se répondre les discours et les actes, la réflexion et les combats et dresse un portrait original de celui qui fut l’acteur central de la dictature bolchévique.
Mon ressenti de lecture…
Tout d’abord, je remercie NetGallay et les éditions Fayard pour l’envoi de cette biographie.
Vous dire que cette lecture a été un plaisir est exagéré. Ce fut intense, ardu et parfois lourd. Mes cours d’histoire de lycée sur l’URSS sont bien loin, tout autant que ceux de philo centrés sur Marx et Engels et, malgré ma passion pour la grande Histoire, celle de la Russie ne se laisse pas apprivoiser facilement!
Dominique Colas nous propose une biographie essentiellement politique de Lénine. C’est donc avant tout son parcours qui est ici analysé d’une manière très pointue et beaucoup moins l’homme.
Une biographie qui démarre vers 1917, avec le retour de Lénine en Russie, en pleine Première Guerre Mondiale mais surtout avec la fin du tsarisme (Nicolas II ayant abdiqué devant la révolte populaire de Février).
Mais je ne vais pas vous résumer les événements, ni même la biographie de Vladimir Ilitch Oulianov.
Pourquoi cette lecture sérieuse? Qu’en ai-je pensé?
Ne cherchez pas une attirance politique personnelle, je suis apolitique.
Mais parce qu’il y a des mythes incontournables qu’on se doit connaître et que Lénine en est un. Un culte lui est voué.
Il est un des piliers fondateurs, si ce n’est le « créateur » du premier régime communiste de l’Histoire et de la Russie soviétique, future URSS. Ce n’est pas rien.
Mais après son décès, ce bolchevik dans l’âme a été élevé au rang d’icône par le régime soviétique; son image et sa pensée ont été instrumentalisées pour la propagande et l’emprise du communisme au niveau national comme à l’international.
Donc, je souhaitais remettre Lénine à sa véritable place, avec des événements réels et précis, des dates, des lieux.
J’en retiens que Lénine était un homme complexe. C’était un homme de conviction, de lettres et de pensées. Il a beaucoup écrit, il s’est énormément informé sur le monde lors de son exil, c’était un intellectuel éclairé et portait en lui l’idéalisme marxiste. Un homme enthousiaste devant les combats des ouvriers et des paysans contre le pouvoir mais aussi un homme intransigeant qui a instauré une dictature de violence et d’épuration systématique.
Bien entendu, nous, occidentaux, n’allons pas retenir que le choix de la dictature était, aux yeux de Lénine, le seul choix possible pour la lutte des classes et pour briser la résistance de la bourgeoisie russe.
Nous retenons les purges, les répressions dans le sang, la dictature dans le sens de régime totalitaire. Des réalités dramatiques bien évidemment.
Mais cette biographie nous offre de creuser les connaissances superficielles que nous pouvons avoir sur un pays d’exception et exceptionnel, et sur un de ses dirigeants au destin mémorable.
Elle aussi l’occasion d’explorer toutes les nuances que revêtent le communisme et le socialisme et l’influence que ces mouvements politiques ont distillé au travers du monde.
Lénine est une référence politique et intellectuelle indéniable dans une période historique riche et complexe par ses conflits mondiaux mais aussi ses guerres intestines. Cette biographie est intéressante justement sur les rapports qu’entretenaient Lénine avec ses contemporains. Je parle de Trotsky par exemple mais surtout de Staline. Il portait un idéal mais a dû se frotter aux basses considérations humaines. Nous ne saurons jamais si Lénine s’était éveillé à davantage d’humanisme à inclure dans ses pratiques politiques mais je retiens qu’il avait à cœur le bonheur de l’humanité. Paradoxal quand on sait tout le sang versé.
La bibliographie de l’ouvrage est conséquente et Dominique Colas est un expert de Lénine, au vu de nombreux ouvrages qu’il lui a consacré au cours de sa carrière.
C’est une biographie passionnante mais qui, à mon sens, ne s’adresse qu’aux férus d’Histoire. C’est pointu, dense et demande toute l’attention du lecteur.
C’est, à ce jour, l’ouvrage le plus complet que j’ai pu lire sur Lénine et son parcours politique. Il reste aujourd’hui un « symbole du nationalisme russe. C’est ainsi qu’il continue à vivre dans l’Europe et le monde ».
Citations…
« Pour sortir de l’horreur de la guerre, il faut une guerre horrible. »
« Certes, quand la bourgeoisie aura été renversée dans le monde entier la guerre deviendra « impossible », mais d’ici là des « guerres de classes » sont nécessaires pour conduire à ce « magnifique avenir ». »
« Le prolétariat, hommes, femmes et enfants, doit donc se préparer au sacrifice non seulement de ses ennemis, mais aussi de sa propre vie. Nulle hésitation dans cette invitation à la mort: Lénine ne place pas sur le même plan les victimes de la guerre civile et les victimes de la guerre impérialiste, puisque leur mort doit conduire à la paix pour toujours. »
« Lénine suppose une fin de l’histoire inhumaine de l’humanité mais sans chercher à étayer sa croyance, que beaucoup partagent, selon laquelle la fin des antagonismes de classes apportera la paix à l’humanité, comme si l’agressivité avait sa seule origine dans les conflits économiques et que l’homme fût fondamentalement défini par le travail. »
Note: 4/5
Huum, Lénine, celui qui prépara le terreau pour Staline… Deux hommes que je n’aime pas, mais je serais tentée de lire cette bio pour en apprendre un peu plus sur lui, même si je ne suis pas d’accord avec lui 😉
Je pense que tu peux en apprendre de drôles, en effet! Staline n’était pas copain avec Lénine qui a échoué à contrecarrer les projets de Staline (il était mourant tu me diras!). Et même si je reste horrifiée des bains de sang en Russie, Lénine avait un idéal très intéressant et louable… mais bon, les moyens pour y parvenir, c’est autre chose! 😮
Ah je ne sais pas encore sur les bio me tentent. Donc à voir si j’ai une seconde vie 😉 !
On se retrouvera alors? 3:)
Franchement, les biographies ce n’est pas pour moi. Je ne lirais même pas celle de James Hetfield, c’est dire… 😉
Tu ne me feras jamais lire une bio « people » ou celle d’un homme politique actuel! Mais de temps en temps, j’aime me plonger dans la vie des hommes qui ont fait l’Histoire! Bin mince, je te réservais un bon bouquin, rien que pour toi, la bio de Mao! 😮 Pas tentée? Pas un poil? 😉
heuuuuu… nan ! lol
Oooohhh je suis déçue! 😀 3:)
😉