Les filles des autres – Amy Gentry

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Amy Gentry – Les filles des autres (2017)

4ème de couv’…

Êtes-vous bien certaine de connaître votre fille?
D’ailleurs, est-ce vraiment la vôtre?
À 13 ans, Julie Whitaker a été kidnappée dans sa chambre au beau milieu de la nuit, sous les yeux de sa petite soeur.
Dévastée, la famille a réussi à rester soudée, oscillant entre espoir, colère et détresse.

Or, un soir, huit ans plus tard, voilà qu’une jeune femme pâle et amaigrie se présente à la porte: c’est Julie.

Passé la surprise et l’émotion, tout le monde voudrait se réjouir et rattraper enfin le temps perdu.
Mais Anna, la mère, est très vite assaillie de doutes.

Aussi, lorsqu’un ex-inspecteur la contacte, elle se lance dans une tortueuse recherche de la vérité – n’osant s’avouer combien elle aimerait que cette jeune fille soit réellement la sienne…

Mon ressenti de lecture…

Bluffée… Parce que ça commence comme un téléfilm de série B, avec un thème pas super original d’un enfant enlevé qui ré-apparaît quelques années après.
Alors tu mets ton neurone au repos, tu t’attends à passer quelques heures de lecture pépère à vibrer sur les aléas émotifs d’un tel retour.
Tu hurles dès les premières pages « test ADN bordel! »
Mais l’auteur a décidé d’être un peu sadique avec toi!
Il te murmure: « Tu vas les attendre un peu tes tests ADN, avant, j’ai des choses à te dire pour te balader un peu! »

Alors forcément, passé l’euphorie des retrouvailles, le doute s’installe! Ton gamin a (sur)vécu loin de toi pendant des années, son évolution t’a échappée et tu as l’impression d’avoir un étranger devant toi!
Tu tâtonnes, tu épies, tu cherches ce qui te semble familier, avec la soif au cœur d’effacer ces années d’agonie dans l’absence et la non-connaissance de ce qui s’est réellement passé.
Tu t’aperçois que tu as vivoté pendant tout ce temps, que tout a été plongé dans un sommeil comateux, tu as occulté ton autre fille, elle, bien vivante et présente jusqu’à ce qu’elle se décide à prendre sa propre existence en main et s’éloigne.

Ce retour est un cataclysme aussi dévastateur que sa disparition.

Paumée, usurpatrice, manipulatrice, calculatrice? Qui est donc cette jeune femme tremblant sur le palier de la maison, huit ans après?

Ce roman n’est pas aussi lisse que la 4ème de couv’ nous laisse le présager.
Au contraire!
L’auteur nous malmène quelque peu en te jetant en pâture quelques souvenirs évoqués par celle qui se fait appeler Julie, de ces filles, Charlotte, Gretchen, Violet et d’autres. Des souvenirs pas jolis, jolis. Des petits bouts de vie qui vont prendre corps mais pas de suite, patience!
Et quand tu penses avoir cerné le schéma, bam, en un retournement de situation étonnant, un développement inattendu, tes certitudes volent en éclat!

Ce roman est d’une grande introspection pour qui a eu à traverser le chaos ou le brouillard dans le passé, il est une plongée en eaux psychologiques profondes pour le cheminement de création d’un jeune enfant, d’une jeune fille. Toutes ces filles ne sont en fait qu’une sorte de désincarnation de l’enfant qui était pour mener à l’éclosion de l’adulte qu’il est devenu.
Comme dit en substance Thomas Szasz, psychiatre renommé: on ne se trouve pas, on se créé.
Et Julie s’est créée, dans la douleur, les épreuves et la douleur…

Si nous en apprenons davantage sur Julie, ou qui qu’elle soit, nous accompagnons aussi ses parents et sa jeune sœur, dans leurs doutes, leurs renoncements ou leur rébellion. Quand un drame comme un enlèvement touche la cellule familiale, celle-ci implose, est mise à mal. Et j’ai beaucoup aimé la manière dont l’auteur a abordé cet aspect de l’intrigue.
Le père est un peu en retrait, toutefois. C’est la mère et la maternité, qui restent au centre de toutes les attentions.

Les parents ne devraient jamais se contenter d’être des exemples car comme tout être humain, ils sont imparfaits. Les enfants ont juste besoin de leur attention pleine et entière. Ce peut être la morale de l’histoire.

Davantage qu’un roman à suspens, c’est un thriller psychologique à mon sens. Et même si je me suis un peu perdue parfois entre Julie, Charlotte, Karen, Mercy, Starr, Violet ou Gretchen, je suis restée scotchée à mon bouquin, de la première à la dernière page! C’est un premier roman, il n’est exempt de quelques maladresses et imperfections, mais le talent est là et je note cet auteur comme étant à suivre!

Oui, à suivre! Parce que lorsque tu arrives à surprendre ton lecteur avec un thème déjà vu et revu, tu as du talent!

Citations…

« Autrefois, je voulais tout ce qu’il y avait de meilleur pour Julie. Désormais, je veux juste quelque chose à enterrer. »

« Devoir se définir par rapport à une sœur absente, et donc forcément parfaite, a dû être très compliqué pour Jane, existentiellement parlant. Maintenant qu’elle peut se comparer à une personne bien réelle et bien présente, elle n’a apparemment plus besoin d’adopter de telles postures. Si j’en crois ce que j’entends, elle est en train de s’épanouir. »

« Je persiste à essayer de retrouver l’avant. Mais quand une telle chose se produit, il n’y a plus d’avant. Cela efface l’avant. Et s’il n’y a pas d’avant, alors il n’y pas de chronologie, pas d’ordre dans lequel raconter l’histoire, pas de raison de choisir un point de départ en particulier. »

« Et voilà comment j’ai perdu ma famille, mon foyer, ma vie… et comment, en une seule nuit, je me suis perdue moi-même. »

« Dans son témoignage, elles luttent, se battent, échouent, mais in fine elles survivent. »

« Tu es un homme bon (…). Il faut toujours que tu aides quelqu’un. Je ne voulais pas de ton aide, alors tu l’as offerte à quelqu’un d’autre. »

Note: 4/5

Blog Note 4

 

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