
Sophie McKenzie – Je ne t’oublierai pas (2014)
4ème de couv’…
Mariée à Art Loxley, riche homme d’affaires londonien, Gen a tout pour être heureuse. Mais derrière la façade de leur maison cossue, la jeune femme peine à surmonter la perte de Beth, sa fille emportée à la naissance huit ans plus tôt.
Un drame qui l’empêche de devenir mère à nouveau.
Jusqu’au jour où une femme se présente à sa porte. Apeurée, celle-ci prétend détenir des informations et assure que l’enfant est toujours en vie. Qui pour croire un mensonge aussi monstrueux?
Alors qu’Art soupçonne une ignoble tentative de manipulation pour nuire à ses affaires, Gen, elle, ne peut s’empêcher d’espérer.
Seule contre son mari et son entourage, Gen entreprend de lever les nombreuses zones d’ombre de son accouchement. Mais, bientôt, l’espoir vire au cauchemar…
Mon ressenti de lecture…
Il n’y a pas loin entre la déraison et l’instinct maternel irrationnel lorsqu’une femme doit faire le deuil de son enfant…
Gen est une femme qui aurait tout pour vivre agréablement: un mari, une belle maison. Seulement la pression exercée par son époux pour avoir un enfant lui pourrit la vie. 8 ans. 8 ans que son bébé, sa petite fille, Beth, est morte. 8 ans qu’elle souffre ou survit. Et quand une inconnue, Lucy O’Donnel, vient lui annoncer que Beth est vivante, qu’on la lui a enlevée à la naissance, elle n’aura de cesse de la retrouver, envers et contre tout et tous.
Surtout lorsqu’elle apprend le décès brutal, « accidentel » de Lucy.
Si le démarrage est un peu lent pour installer ce climat de dépression lourde et lancinante qui paralyse Gen, le rythme s’accélère au fur et à mesure qu’elle avance dans son enquête et dévoile peu à peu la conspiration machiavélique dont elle est victime.
J’ai beaucoup aimé ce personnage de femme…
La bataille pour son enfant, sa chair et son sang… une mère qui se dépasse, se surpasse et dépasse toutes les limites est un sujet que j’adore … l’amour qu’on éprouve pour son enfant est tellement puissant, magique et unique…
On s’attend à du « déjà-vu » lorsqu’on aborde le sujet de la disparition d’un enfant mais l’intrigue est originale et bien trouvée, elle ne se dévoile pas trop aisément. C’est un thriller qui tient en haleine jusqu’au bout même si le suspens est tout relatif. Et des retournements de situation apportent un rythme énergique à cette poursuite de la vérité.
Le secret de famille est abject! Peut-on même parler de famille? L’argent peut-il tout acheter?
Où puiser le courage quand tous vous tourne le dos?
Les personnages secondaires sont intéressants mais j’ai grandement préféré Lorcan, « ami » de longue date d’Art, l’époux de Gen. Parce que son implication auprès de la jeune femme ne tient pas seulement à l’attirance qu’il éprouve pour elle, il a des comptes personnels à régler avec Art et l’image de la réussite lisse et honorable qu’il affiche.
Gen est aveuglée par sa maternité, totalement focalisée par sa quête, mais accepte l’aide de Lorcan et celle de Bernard, le mari de Lucy, inconsolable de sa mort.
Elle ne pense pas à « l’après », elle veut juste retrouver son enfant…
Gen a enfanté dans son sang il y a 8 ans et c’est dans le sang des autres qu’elle se retrouvera…
Mais obtiendra-t-elle pour autant la délivrance tant souhaitée?
Et quand on lit les toutes dernières pages, on est bien loin de l’happy end attendu!
Cette fin est géniale car elle détone, elle surprend par la manipulation psychologique que ce drame a provoqué… Je ne peux en dire plus… tant pis pour vous!
Cette fin appelle une suite… à moins que le sadisme de l’auteur ne nous laisse indéfiniment dans le doute du futur!
Un très bon moment de lecture avec Sophie McKenzie que je retrouverai plus tard avec Apelle-moi!
Et puis… une suite, please! Une suite!
Citations…
« Avec le temps, j’ai compris que le mariage est ainsi – une succession de jours ordinaires passés à avancer tant bien que mal en faisant des compromis, ponctués par d’autres où on est presque tenté de s’en aller, et enfin ces rares, ces délicieux moments où la force du lien qui nous unit efface tout le reste. »
« Sa présence me donne l’impression que tout est possible. Me libère au lieu de me peser. Brusquement, l’envie d’écrire autrefois familière me démange. Peut-être que cela, aussi, sera possible quand je saurai la vérité. »
» Parfois, j’ai besoin de faire un pas en arrière pour pouvoir faire deux pas en avant. »
« (…) j’avais l’impression d’émerger d’un océan de chagrin, de tendre enfin le visage vers le soleil du printemps. Bien sûr, ce que j’ignorais alors, c’est que le chagrin, comme les saisons, obéit à un cycle. Qu’à peine revenue à la vie, je suffoquerais à nouveau sous le poids du deuil. »
Note: 4/5