La fille de Brooklyn – Guillaume Musso

Guillaume Musso - La fille de Brooklyn (2016)

Guillaume Musso – La fille de Brooklyn (2016)

4ème de couv’…

Je me souviens très bien de cet instant. Nous étions face à la mer.
L’horizon scintillait. C’est là qu’Anna m’a demandé:
« Si j’avais commis le pire,
m’aimerais-tu malgré tout? »

Vous auriez répondu quoi, vous?
Anna était la femme de ma vie. Nous devions nous marier dans trois semaines. Bien sûr que je l’aimerais quoi qu’elle ait pu faire.
Du moins, c’est ce que je croyais, mais elle a fouillé dans son sac d’une main fébrile, et m’a tendu une photo.
– C’est moi qui ai fait ça.

Abasourdi, j’ai contemplé son secret et j’ai su que nos vies venaient de basculer pour toujours.
Sous le choc, je me suis levé et je suis parti sans un mot.
Lorsque je suis revenu, il était trop tard: Anna avait disparu.
Et depuis, je la cherche.

Mon ressenti de lecture…

Comme d’hab’, le nouveau roman de Guillaume Musso n’a pas fait de vieux os avant t’atterrir entre mes mains!

Tout va bien entre Raphaël et Anna, sa future épouse… jusqu’à cette photo macabre et cette petite phrase laconique d’Anna: « C’est moi qui ai fait ça. »
Et là, l’enfer peut se déchaîner: Anna disparaît, les mystères s’accumulent, les morts aussi…
Mais qui est donc Anna? Mérite-t-elle toujours d’être aimée?

Inutile de dire que ce thriller est un page-turner implacable!
Raphaël se fait aider de son ami, Marc Caradec, ancien flic. Deux hommes menant chacun l’enquête, d’une manière différente, Raphaël aux States, Marc sur le vieux continent, cela nous emmène dans différentes directions, différentes pistes… pas le temps de souffler, pas de temps mort!

De course-poursuites en révélations, de l’exhumation du passé au danger du présent, l’angoisse va de pair avec le suspens!

Pour ces précédents romans, je reprochais à l’auteur d’être trop timide dans son immersion dans le monde du thriller. Avec la fille de Brooklyn, il est passé à la vitesse supérieure et s’est largement décomplexé! C’est une réussite!

En marge du thriller pur, j’ai beaucoup aimé la visite guidée de Brooklyn et la petite leçon d’histoire sur la réhabilitation de ce quartier new-yorkais. J’ai également apprécié que l’auteur n’abandonne pas ce qui a fait son succès jusqu’à présent: les sentiments humains!
L’amour peut-il résister à tout? Aux secrets inavoués? A la dure vérité d’un passé houleux? L’amour vaut-il que l’on prenne tous les risques?

Raphaël est romancier en panne d’inspiration, papa célibataire. C’est un personnage attachant qui va se lancer dans cette enquête comme on se lance dans la rédaction d’un roman: il épluche des dossiers, il se documente, remonte les fils du passé, extrapole, imagine… mais se retrouve face à l’action qu’il ne peut éviter! Et il ne va pas démériter pour l’amour de sa belle!
Entre parenthèses, les clins d’œil sur la vie d’un romancier, de la création à la popularité sont très sympas et apportent même un peu de fraîcheur dans cette ambiance angoissante.

Marc est ancien flic, cassé par un drame perso, accro à certaines pilules… il ne sera pas seulement l’ami de Raphaël et la nounou de son fils Theo. Lui est dans l’action à 100%! Il active ses anciens réseaux, une enquête, il sait ce que sait et ce n’est pas sa retraite qui va le freiner! J’ai adoré ce personnage brut de décoffrage, capable de dégainer plus que son ombre tout comme donner le biberon… Il est surprenant et… on ne peut vraiment pas lui en vouloir!

Anna est une femme trouble… de part son propre passé qui se dévoile par pans entiers après dix ans de silence et de secret, de part son héritage familial et de sa personnalité, bien sûr… Par amour, elle avoue… Cette fois-ci, sera-t-elle seule pour s’en sortir? L’empathie pour elle n’est pas immédiate car honnêtement, on ne sait pas trop sur quel pied danser… Ça nous titille au fil des pages, victime ou pas… la question plane!

Comme d’habitude, l’écriture de Guillaume Musso est fluide, simple et addictive. Peut-être un peu trop de citations classiques que je juge superflues et quelque peu agaçantes, comme une recherche de légitimité qui n’a pas lieu d’être.

Il a su imbriquer plusieurs destins dans la trame de son thriller, rendant l’intrigue multiple et riche, semant plusieurs pistes, poussant le lecteur à s’interroger sur les connexions entre elles mais sans jamais perdre de vue le fil conducteur: Anna.

Un bémol… Je déplore que les histoires de Louise et de Joyce n’aient pas été suffisamment développées… et par là même les thèmes de la parentalité, de la prédation sexuelle et des dessous de la politique. Les dernières pages me laissent sur ma faim!

Mais j’ai bon espoir d’atteindre la note maxi avec le prochain roman, qui sait?

Citations…

« Les livres ont une singularité qui confine à la magie: ils sont un passeport pour l’ailleurs, une grande évasion. Ils peuvent servir de viatique pour affronter les épreuves de la vie. »

« Oui, je t’aime, mais je ne sais plus qui j’aime. Pour aimer quelqu’un, il faut le connaître, et je ne te connais plus. A présent, j’ai l’impression d’être face à deux personnes. »

« L’État de droit est une chimère. Depuis la nuit des temps, le seul droit qui existe, c’est le droit du plus fort. »

« Certains souvenirs sont comme un cancer: une rémission n’est pas toujours une guérison. »

« – J’ai moi aussi eu besoin d’aide. La dépression, les hallucinations, les crises, la peur des autres et de soi-même, les portes de l’enfer, comme tu disais, je suis passé par là.
Maxime resta interdit.
– On ne l’imaginerait pas en vous voyant. Et maintenant, vous êtes guéri?
Caradec secoua la tête.
– Non, ces trucs-là, on n’en guérit jamais vraiment. Ça, c’est la mauvaise nouvelle.
– Et la bonne?
– La bonne, c’est qu’on peut apprendre à vivre avec. »

« Car, dans nombre d’existences, rien n’est plus fort que le passé, l’innocence perdue et les amours enfouies. Rien ne nous remue plus les tripes que le souvenir des occasions manquées et le parfum du bonheur qu’on a laissé filer. »

« Être parent te rend plus heureux, mais ça te rend aussi infiniment vulnérable. »

« Je cours. Je cours. Les branchages me lacèrent le visage, les ronces me déchirent la peau, les pierres écorchent mes pieds, mais cela me fait du bien. Je cours. Pendant quelques secondes, je suis libre, je suis vivante et il n’y a rien de meilleur au monde. Je cours. Je fais corps avec la nature qui m’entoure. Je suis la pluie qui me trempe, je suis la forêt qui me protège et qui m’avale, je suis le sang qui pulse dans mon cœur. Je cours. Je suis l’effort qui m’épuise, le gibier blessé qui refuse l’hallali. »

« Perdre son enfant est un chemin de croix perpétuel, une déchirure que rien ne pourra jamais recoudre. Chaque jour, tu crois avoir atteint le pire, mais le pire est toujours à venir. Et le pire, finalement, tu sais ce que c’est? Ce sont les souvenirs qui se fanent, qui s’étiolent et qui finissent par disparaître. (…) tu es prêt à vendre ton âme au diable pour raviver la douleur. »

« Oui, l’homme est son pire prédateur. L’homme est en guerre contre lui-même. Au plus profond de lui, l’homme est habité par la violence, l’agressivité, la pulsion de mort, la volonté de dominer son semblable et de l’asservir en l’humiliant. »

« Avoir un enfant signifie que son avenir devient plus important que votre passé. Avoir un enfant, c’est être certain que le passé ne triomphera plus jamais sur l’avenir. »

« Le genre d’image poignante qui me rappelait combien, pendant longtemps, j’avais détesté les appareils photo, ces machines cruelles à créer de la nostalgie. Leurs milliers de déclics trompeurs figeaient dans l’instant une spontanéité déjà évaporée. Pis, tels des fusils à double détente, ils n’atteignaient souvent leur cible que des années plus tard, mais touchaient toujours le cœur. »

« La fiction était une échappatoire. Le billet d’avion le moins cher pour fuir la morosité du quotidien. »

« Le masque est si charmant que j’ai peur du visage »
Alfred De Musset

« Faire confiance à son enfant, être à son écoute avant de fixer les règles, ne pas avoir peur de ne pas être à la hauteur. »

« Lorsque l’on échoue en enfer, c’est important d’avoir des réserves de souvenirs heureux. Je me les projette sans arrêt dans la tête. Pour avoir moins froid, moins peur. »

« Chaque vie connaît un jour ce type de séisme: ce moment où les sentiments deviennent des allumettes craquées au milieu d’une forêt desséchée. Le prélude à un incendie capable de ravager toutes nos fondations et de nous entraîner vers l’abîme. Ou la renaissance. »

« Il ne devait pas ouvrir les vannes des souvenirs. Il devait les endiguer, se battre contre eux au corps à corps, ne pas leur céder un pouce de terrain, sinon il était foutu. »

« Si tu avais quelque chose de douloureux à m’avouer, je voulais te soulager de cette douleur en partageant ton fardeau. »

« La médiocrité du monde réel n’avait que peu de prise sur moi. Toujours en décalage et en retrait de la réalité, j’évoluais dans un monde imaginaire dont j’étais le seul démiurge. »

« C’était une femme cultivée et une bonne mère, mais elle avait cette étincelle noire, cette pulsion autodestructrice que certaines personnes portent en elles. Une sorte de bête intérieure que vous pouvez parfois domestiquer pendant des années jusqu’à croire que vous l’avez terrassée. Mais la bête ne meurt jamais et l’étincelle n’attend que l’occasion de se rallumer. »

« (…) tous les hommes sont pareils: malhonnêtes, volages, lâches, menteurs, frimeurs,. Vous n’êtes pas fiables. Vous vous croyez guerriers, mais vous n’êtes que de pauvres marionnettes gouvernées par vos pulsions. Vous vous croyez virils, mais vous n’êtes que des chasseurs de pacotille. »

« (…) toutes les vérités du monde prennent toujours racine sur les terres de l’enfance. »

« Il n’y a pas d’équilibre plus stable que celui de la terreur. Chacun de nous dispose de l’arme nucléaire et le premier qui tente de détruire l’autre s’expose au risque d’être détruit à son tour. »

« Le doute, tu sais? C’est pire que tout. C’est un poison pernicieux qui peut finir par avoir ta peau. »

Note: 4/5

Blog Note 4

25 réflexions au sujet de « La fille de Brooklyn – Guillaume Musso »

  1. Je n »ai lu qu’un livre de Guillaume Musso, « 7 ans après ». J’ai moyennement aimé, je lui ai préféré son frère Valentin, mais peut-être que je ne suis pas tombée sur la bonne histoire…
    Bisesssss

    • Il était dans sa période de transition vers des romans + « thrillers » et je l’avais trouvé timide dans 7 ans après! Ses premiers romans sont plus des comédies romantiques très agréables à lire. Pour le thriller, la fille de Brooklyn est beaucoup + abouti que ses 2 derniers… A toi de voir si tu lui laisses une autre chance! Par contre, perso, c’est avec Valentin que je n’ai pas accroché mais je n’ai lu que La rondes innocents… 😉 Bonne soirée Gwen! Bizzz! 😉

      • C’est le sujet évoqué dans « Les cendres froides » qui m’a intéressé dans le roman de Valentin, je n’en n’ai lu aucun autre depuis malgré tout. Sans doute en relirai-je mais plus tard, j’ai beaucoup d’autres auteurs à découvrir avant hé hé !
        Bonne nuit Black Kat Bises

  2. Voilà très longtemps que je n’ai plus lu Musso, et je suis contente de savoir que ce titre va plus vers le thriller que vers la romance .. du coup il me fait envie 😉

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