Victime du tsunami de 2004, Anna Jensen a été déclarée cliniquement morte pendant quelques instants.
Depuis elle est hantée, la nuit, par d’angoissantes visions de l’enfer, et par l’image d’une femme mourant dans d’atroces souffrances. Aidée par Will Aberdeen, journaliste new-yorkais enquêtant sur les expériences de mort imminente, elle cherche à comprendre le sens de ses cauchemars. Au fil de sa quête, elle découvre qu’elle est la réincarnation d’une jeune femme recluse dans un couvent au XVIIIème siècle.
Celle-ci fut enterrée vivante dans le jardin du château de Trécesson, à proximité de la forêt de Brocéliande, pour avoir protégé un objet d’une valeur inestimable pour qui savait s’en servir… le chaudron de Gundestrup.
Grâce à un journal de bord ayant appartenu au capitaine de Trécesson, Will – son descendant – et Anna se lancent sur les traces d’un secret ancestral, mêlant magie druidique et secrets ésotériques. Du tremblement de terre de Lisbonne en 1755 à Paris de nos jours, en passant par la Bretagne et le pays de Galles, traqués par de mystérieux tueurs professionnels, leur soif de vérité va rapidement se transformer en course contre la mort.
Mon ressenti de lecture…
Anna Jensen, française, travaille en freelance dans l’illustration, elle fuit les endroits clos, ne se sent bien que chez elle et a une fâcheuse tendance à éteindre son téléphone portable…
Ah oui… de terribles cauchemars hantent ses nuits depuis qu’elle a survécu au tsunami de 2004, dans l’Océan Indien…
Will Aberdeen, américain, gravit petit à petit les échelons journalistiques, ne se prend pas la tête et fourre son nez là où il sent le bon scoop.
Ah oui… il vient d’apprendre que son père n’était pas son véritable père et hérite d’un journal de bord d’un capitaine du XVIIIème siècle…
Rien ne rapproche a priori ces deux individus.
Pourtant ils vont se retrouver face à face pour un article sur les EMI, expériences de mort imminente.
Et à partir de ce moment, leurs destins semblent liés depuis des siècles sur un chemin semé de dangers, de morts, de mystères et d’amour…
C’est un premier roman.
Et un roman que je qualifie d’audacieux car l’auteur ne s’est pas contenté d’un thème, d’une histoire, d’une époque et d’un lieu uniques.
En effet, c’est un melting pot d’Histoire, d’ésotérisme, de magie ancestrale, de romance, d’aventure et de thriller. Le tout mené au travers des siècles, d’Espagne au Pays de Galles, en passant par Paris et la Bretagne. Le tout basé sur des faits et des lieux existants.
Qui dit « faits et lieux réels » dit documentation et contrainte supplémentaire pour la rédaction d’un roman. L’auteur a pris le risque de ne pas s’attacher à la simple liberté de la totale fiction et j’ai grandement apprécié.
J’ai énormément aimé les chapitres courts de la première moitié du livre, où on passe de 1755 à 2012 en quelques pages, avec suspens terrible à chaque fin.
Ce qui permet également d’asseoir l’intrigue contemporaine sans trop de longueurs.
La seconde partie laisse une plus grande part aux événements actuels mais j’avoue que j’aurais bien aimé continuer les incursions temporelles sur le même rythme du début pour que les deux époques se rejoignent le plus tard possible, tant passer du XVIII au XXIème siècle et vice versa était jouissif!
L’intrigue s’orchestre autour d’un mystérieux chaudron de Gundestrup, possédant des pouvoirs de vie éternelle et de connaissance absolue du monde, depuis la nuit des temps, réduit à l’impuissance par une pièce manquante, subtilisée et objet de la convoitise d’un ordre d’adeptes ayant traversé les âges. Un ordre qui ne recule devant rien pour rendre son intégrité à ce chaudron mystérieux, porteur de croyances occultes.
Un mystère ésotérique et de la magie mettant en exergue l’intolérance religieuse et le refus de ce qu’elle ne comprend et ne contrôle pas; repoussant les limites de ce que quelques hommes sont capables pour s’assurer éternité et pouvoir.
Quelques cailloux jetés au gré des sauts dans le temps, des indices, des révélations, pour aboutir à l’édifice défiant les hommes et les temps, niché au cœur du Pays de Galle, le château de Dinas Bran. Un suspens et une soif de découvrir qui nous tiennent en haleine tout le long de la lecture…
Le thème des vies antérieures et des EMI relie présent et passé en une histoire d’amour imbriquée dans cette quête, à l’image d’un preux chevalier tombant amoureux au premier regard et essayant de sauver sa belle. La magie opère au XVIIIème siècle avec la jeune Estrela et Thomas. Elle est intacte au XXIème…
Je sais, cet amour fort et spontané peut paraître cliché, exploité des millions de fois dans les arts, mais il y a une bonne raison à cela: c’est une recette qui fonctionne et c’est tellement bon de rêver un peu, de laisser romantisme et sentiments s’exprimer dans ce monde brute et cynique. J’adore!
Sur une trame de thriller savoureux et trépidant, de meurtres successifs, Will et Anna sont confrontés à des rituels occultes issues de légendes païennes qu’on pourrait penser obsolètes de nos jours alors que leur vie est réellement en danger et qui révélera leur héritage ancestral et leur ouvrira la voie de leur avenir.
L’habileté de l’auteur à entremêler l’ensemble de ces thèmes offre une lecture fluide, efficace et très agréable.
Oui, elle aurait pu doubler, voire tripler, le nombre de pages en exploitant davantage les légendes, les événements, les lieux, la traque d’une époque ou d’une autre… Elle aurait pu mais c’eût été, à mon sens, risqué pour un premier roman, rédhibitoire pour certains lecteurs frileux dans la découverte d’un nouvel auteur.
Alors que présentement, nous possédons un condensé de ce que Sophia Raymond peut nous offrir par la suite, lorsqu’elle lâchera totalement la bride à son équipage!
Ce premier roman est d’une très bonne mouture malgré quelques petites maladresses de style mais ce que je retiens surtout, c’est qu’il laisse entrevoir un grand potentiel pour l’avenir, à mon sens. De bonnes graines ont été plantées, m’est avis que la plante sera florissante!
En tout cas, il est certain que je surveillerai les prochains romans!
Pour la note de fin, je tiens à remercier Stelphique, qui a su me mettre l’eau à la bouche par sa chronique sur ce roman, par son enthousiasme pour ce jeune auteur. D’ailleurs, voici le lien vers son article: Le cercle de Dinas Bran – Sophia Raymond.
Et jugez par vous-mêmes!
Citations…
« Soudain les brumes se dissipèrent, comme soumises à un puissant sortilège. Sur des ruines rougeoyantes, un gigantesque brasier ravageait la cité. Lisbonne était méconnaissable, semblable à une vision de l’enfer. Les quatre éléments s’y livraient à une danse macabre: terre, feu, mer et vent, tous couleur de sang. »
« Sa mère baissa les yeux, se leva sans un mot et se dirigea vers la fenêtre. Elle ne regardait pas l’extérieur, mais l’intérieur d’elle-même. Et ce qu’elle voyait effaçait tout amour-propre. Une larme perla sur sa joue. »
« Mais elle ne s’excusa pas. Pas par vanité, ni par arrogance. Simplement parce que s’excuser, c’était admettre sa faiblesse. Et elle ne voulait pas se montrer faible. Elle voulait redevenir la femme qu’il avait follement aimée cette nuit-là. Elle voulait être forte. Fière. L’unique étoile qui éclipsait toutes les autres. La seule qui brillait dans ses yeux. Anna ne pouvait pas s’excuser, parce que la lumière de l’étoile faiblit, elle meurt. »
« Tempus fugit, utere. (…) Le temps fuit, sache t’en servir. »
« Ceux qui prétendent connaître l’avenir sont des menteurs, rarement des prophètes et encore moins des messagers divins. »
« Les anciens en parlaient comme de la foret des mirages et des illusions. Une terre sauvage, ou des fées aux chants envoutants trompent le profane égaré, où l’écho du choc des épées résonnent sur les roches de schiste rouge teintées du sang de preux chevaliers. (…) il se dit que, lors du passage de la saison claire à la saison sombre, la foret ouvre ses portes aux créatures de l’Autre Monde. »
« Si ces grands savoirs qui occupent les étagères de votre bibliothèque ne se sont pas perdus, c’est par ce que des hommes et des femmes ont continué à les transmettre. Cette mémoire du monde ne survivrait pas si personne n’enseignait ces connaissances. Alors, vous pouvez admirer ces ouvrages tant qu’il vous plaira, vivre en vous appropriant leur univers. Mais vous, en quoi honorez-vous leurs œuvres? Vous croyez être fidèle à leur pensée? En réalité, vous trahissez l’esprit même du savoir que vous avez emmuré ici. »
« Devant eux, le symbole des premiers bâtisseurs. De chaque côté, deux niches abritaient des statues en bois peint. Sous chaque statue, un nom. L’une d’elles représentait sainte Catherine, que les jeunes femmes de plus de vingt-cinq ans imploraient encore parfois pour trouver un mari. L’autre incarnait Saint Cornély, pape sous l’Empire romain, mais également connu comme le saint patron des bêtes à cornes. Une résurgence de Cernunnos, le dieu celtique. C’était tout le paradoxe du jugement humain qu’un dieu païen, devenu démon, puisse renaître sous les traits d’un saint dans la religion qui l’avait condamné…. »
« (…) il vaut mieux agir et garder une longueur d’avance, plutôt que d’attendre et subir les événements. »
« Ce qui autrefois comptait pour moi n’a aujourd’hui plus d’importance. J’aurais tout donné, mes coffres, mes terres, mon château, pour qu’un jour tu me pardonnes. Il arrive un temps où les joyaux ont cessé de briller, où l’or a perdu tout son éclat, où les forteresses deviennent des prisons. Il arrive un temps où tout ce qui compte, c’est l’amour d’un père pour son fils. »
Note: 5/5
Ouah!!!!!Quelle chronique!!!!!
Je suis contente qu’il t’ait plu autant!!!!!Contente de t’avoir mené vers un coup de cœur!!!!
Merci pour le lien 😉
A très bientôt, pour d’autres idées lectures!!!!;)
Quand tu veux pour d’aussi belles tentations!!! 😀
Héhé, j’avais déjà vu passer un commentaire qui m’avait plu sur ce titre…
Ta chronique m’intrigue d’autant plus. 😉
Merci pour ce retour 🙂
Je t’en prie G.! 😉 Tu m’en diras des nouvelles! 🙂
😉